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Brian Cowen fait campagne pour le "oui" au traité de Lisbonne

Le Premier ministre irlandais, Brian Cowen, fait campagne pour le "oui" au référendum sur le traité de Lisbonne dans le Donegal, le comté qui a obtenu la plus forte majorité de "non", l'an dernier. Reportage.

AFP - Ils sont sénateur ou député, star de la télé ou homme d'affaires. L'an dernier, ils avaient emmené le camp victorieux du "non" au premier référendum irlandais contre le traité de Lisbonne. Mais cette fois-ci, ils cocheront la case "oui" lors du second vote de vendredi.

"If you don't know, vote No" ("si vous ne savez pas, votez non"): le 12 juin 2008, de nombreux Irlandais avaient adopté cette formule, rejetant le texte à plus de 53%.

Mais l'auteur du slogan, Eamon Dunphy, un commentateur sportif aussi populaire que controversé, ne votera plus "non" cette fois-ci. "Les temps ont changé", explique-t-il. En un an, le "Tigre celtique", champion de la croissance, s'est mué en une des économies les plus touchées par la récession: le chômage devrait tripler cette année par rapport à 2007, à environ 15%. "Je voterai oui car nous avons besoin de l'aide de l'Europe", argumente cette star de la télé.

Le ralliement de ce rebelle notoirement opposé au gouvernement a provoqué un mini-séisme sur l'île, d'autant plus qu'il fait dorénavant campagne pour l'organisation "Ireland for Europe", proche du parti au pouvoir.

De quoi faire vaciller les convictions des plus solides "nonistes", dont celles de Ben Dunne. Héritier des magasins Dunnes Stores, une des plus importantes chaînes irlandaises, l'homme d'affaires est une célébrité nationale, notamment après avoir été détenu par l'IRA durant sept jours en 1981.

Il avait voté "non" en 2008. Mais, "depuis, j'ai lu le traité". "Il y a encore beaucoup de choses que je ne comprends pas. Mais il y a beaucoup de choses que je ne comprends pas dans la bible et je crois quand même en Dieu", déclare-t-il à l'AFP. Citant lui aussi la récession, il estime que "c'est vraiment le moment pour rester au coeur de l'Europe". "Nous sommes dépendants de l'Europe", dit-il.

"On a besoin de la bouée de sauvetage que représente Lisbonne", croit également le sénateur indépendant Shane Ross, autre "noniste" en 2008. "Quand on a voté non, l'économie vacillait. Maintenant, on coule", explique-t-il. "L'Irlande est maintenue à flots par la Banque centrale européenne. C'est la vérité crue. Quel esprit suicidaire irait frapper nos alliés européens au moment où les médecins de l'euro sont en train de réanimer le corps?".

La récession n'est pas la seule raison qui a poussé des stars du "non" à rejoindre le "oui". Le sénateur Ronan Mullen, conservateur catholique très influent, avait été en 2008 l'un des principaux défenseurs du "droit à la vie" face à l'ingérence supposée de Lisbonne en faveur du droit à l'avortement.

Mais lui aussi votera vendredi "oui". "Parce que les garanties qu'on nous a promises assurent la liberté de l'Irlande à décider de ses lois sur les sujets sociaux et éthiques sensibles", déclare-t-il. Après le "non" de juin 2008, Dublin a arraché à l'UE l'assurance qu'elle ne toucherait pas aux "spécificités celtiques", comme l'interdiction de l'avortement, la neutralité militaire et un faible taux d'imposition.

Des "garanties fermes", se réjouit le député indépendant Finian McGrath, et qui l'ont poussé lui aussi à changer de camp. "Nous semblons dorénavant garder le contrôle", juge-t-il.

Pour le camp du "oui", le revirement de ces personnalités du "non" est du pain béni. Comme l'exprime le journal du soir Herald: "cela attirera probablement plus d'électeurs que n'importe quelle campagne gouvernementale".