Après avoir procédé à des tirs de courte et moyenne portée dimanche, Téhéran a lancé au cours d'un nouvel exercice deux missiles ayant une portée de 2 000 km. Israël et les bases américaines du Golfe se trouvent à distance de tir.
AFP - L'Iran a procédé lundi à des tirs de missiles de longue portée capables d'atteindre Israël, au second jour d'exercices balistiques sur fond de tensions persistantes avec les grandes puissances sur son programme nucléaire.
Ces tirs ont été vivement critiqués par les capitales occidentales, à trois jours de la reprise à Genève des négociations sur le nucléaire. Ils ont en revanche été salués par leurs auteurs, les Gardiens de la révolution, selon qui les manoeuvres ont atteint "tous leurs objectifs".
Peu avant les tirs de lundi --dont des images ont été retransmises par la chaîne publique en langue anglaise Press-TV--, le commandant des forces aériennes des Gardiens de la révolution, Hossein Salami, a par ailleurs prévenu que Téhéran répondrait à toute menace de manière "destructrice", notamment sur son programme nucléaire.
"Les forces armées ont procédé avec succès lundi au tir d'un missile Ghadr-1, version améliorée du Shahab-3 d'une capacité de 1.800 km, et d'un missile Sejil à deux étages utilisant du combustible solide", a annoncé le commandant Salami, cité par la télévision iranienne en langue arabe Al-Alam.
Le Sejil est un missile d'une portée de 2.000 km et "possède des capacités extraordinaires", selon l'ancien ministre de la Défense, Mohammad Ali Najar.
Les deux missiles sont capables d'atteindre le territoire israélien distant d'environ 1.000 km.
"Face aux menaces contre l'existence, l'indépendance, la liberté et les valeurs du régime (islamique), notre réponse sera directe, ferme et destructrice", a proclamé le commandant Salami, selon l'agence Irna, ajoutant que cette réponse ferait "regretter" à l'ennemi ses menaces.
Israël et les Etats-Unis n'ont pas exclu l'option militaire face à la menace d'un Iran nucléaire. Les Occidentaux accusent Téhéran de chercher à fabriquer l'arme atomique, ce que l'Iran dément.
Les Gardiens de la révolution, l'armée idéologique du régime, ont tiré dimanche et lundi des missiles de courte, moyenne puis longue portées.
Le chef de la diplomatie britannique David Miliband a jugé ces exercices répréhensibles, les qualifiant de "provocation", tout en affirmant que "la grande question de la semaine" serait l'attitude de l'Iran à Genève jeudi.
Les six pays (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Russie, Royaume-Uni) qui demandent à l'Iran de conformer son programme nucléaire aux règles sur la non-prolifération auront là les premières négociations avec la République islamique depuis 14 mois.
Commentant les tirs, Paris a demandé à l'Iran de "cesser immédiatement" ses "activités profondément déstabilisantes", tandis que Berlin les a jugés "inquiétants", Moscou appelant "à ne pas céder à l'émotion".
Interrogé à propos d'éventuels liens entre les exercices balistiques et l'annonce vendredi de la construction d'un nouveau site d'enrichissement d'uranium, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Hassan Ghashghavi, a assuré qu'il n'y en avait pas.
"Comme vous le savez, il s'agit des exercices +Grand Prophète-4+. Le chiffre 4 signifie que c'est la quatrième année que de tels exercices sont organisés. Il s'agit d'exercices défensifs", a dit M. Ghashghavi à la presse.
Il a répété que le nouveau site d'enrichissement n'avait "rien de secret" et donné sa localisation, "dans la région de Fordoo", près de Qom (centre).
Cette usine en construction "ne viole aucune loi internationale. Les pays occidentaux se livrent à des commentaires qui ne sont pas réalistes", a-t-il ajouté.
Vendredi dernier, l'AIEA avait annoncé que l'Iran venait de l'informer de la construction de cette nouvelle usine en plus de celle de Natanz (centre), ravivant les inquiétudes des pays occidentaux.
Téhéran a assuré que ce second site serait placé sous la supervision de l'AIEA.