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Réunion cruciale des pays producteurs de pétrole en pleine crise du coronavirus

En réaction à l'effondrement des prix lié à la pandémie de coronavirus, les principaux pays producteurs de pétrole se retrouvent jeudi par écrans interposés pour tenter de s'accorder sur des baisses de production.

Une réunion des principaux pays producteurs de pétrole, prévue jeudi 9 avril à 14 h GMT, doit ouvrir la voie à un "accord équitable qui rétablira l'équilibre des marchés pétroliers", selon les autorités saoudiennes, organisatrices de la rencontre à la demande du président américain, Donald Trump.

"Seul espoir pour le marché d'éviter un effondrement total des prix et un arrêt de la production" dans certains sites, cette conférence exceptionnelle s'annonce cruciale, selon Bjornar Tonhaugen, un responsable de Rystad Energy.

Les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et les autres participants, dont leurs partenaires via l'accord Opep+, discuteront d'une réduction massive de la production mondiale de brut, leur arme principale face à la chute de la demande mondiale en or noir.

La Russie prête à coopérer

La Russie, au cœur de la négociation en tant que deuxième producteur mondial et chef de file des partenaires du cartel, semble cette fois-ci prête à coopérer, contrairement à la précédente réunion début mars qui s'était soldée par un fiasco et avait débouché sur une guerre des prix.

L'objectif d'une coupe commune de 10 millions de barils par jour (mbj) – soit 10 % de la production mondiale –, évoquée par Donald Trump sur Twitter jeudi dernier, semble faire consensus mais son partage entre pays s'annonce épineux.

L’Arabie saoudite et la Russie "ont été extrêmement claires" sur le fait qu'elles réduiront leur production "uniquement si d'autres grands producteurs de pétrole les rejoignent", note Bjarne Schieldrop, analyste de Seb.

Les États-Unis, premiers producteurs de la planète, poussent en faveur d'un accord pour redonner de l'air à leur industrie de pétrole de schiste, en grande difficulté aux niveaux de prix actuels.

Mais "ce n'est pas parce qu'un tel accord est dans l'intérêt de tout le monde qu'il sera forcément trouvé", prévient Craig Erlam, analyste de Oanda. Contrairement à d'autres, Washington ne peut contraindre les producteurs dans son propre pays car les règles sur la concurrence empêchent les entreprises de se coordonner. Et les prises de bec entre Riyad et Moscou sont fréquentes, la dernière ce week-end ayant d'ailleurs provoqué le décalage de cette réunion initialement prévue lundi.

Conférence exceptionnelle

La conférence, mise en place dans un délai record, est exceptionnelle à plus d'un titre. D'abord, l'invitation a été envoyée largement au-delà du cercle habituel car pas moins de dix pays hors Opep+, dont les États-Unis, ont été conviés, selon l'agence russe Tass.

Elle survient ensuite au moment où l'industrie pétrolière mondiale traverse "un choc sans précédent dans son histoire", du constat même de l'Agence internationale de l'énergie lundi.

Les mesures drastiques de restriction des déplacements des marchandises et des personnes pour enrayer la pandémie de Covid-19 ont provoqué une situation sans précédent et devraient conduire à un excédent de brut sur le marché qui pourrait atteindre 25 mbj au mois d'avril, selon Rystad Energy.

Devant ce déficit abyssal de la demande, les deux cours de référence, du baril de Brent européen et de WTI américain, ont touché la semaine dernière des niveaux plus vus depuis 2002 et bouclé le pire trimestre de leur histoire.

Enfin, crise sanitaire oblige, la conférence se fera à distance et non au siège du cartel à Vienne comme habituellement. Elle sera par ailleurs suivie le lendemain d'une seconde sur le même thème, cette fois-ci des ministres de l'Énergie du G20, toujours à l'initiative de Riyad.

Avec AFP