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Les pays de l'Union européenne sont finalement parvenus, jeudi, à un accord sur une réponse économique commune face au coronavirus. Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a salué un "excellent accord", qui comprend un plan de soutien d'environ 500 milliards d'euros. Le texte ne mentionne toutefois pas la création de "corona bonds".
Les ministres européens des Finances sont parvenus, jeudi 9 avril, à un accord sur une réponse économique commune face à la pandémie de coronavirus. Un terrain d'entente a été trouvé avec les Pays-Bas, qui bloquaient les discussions depuis mardi.
Ce vaste plan porterait l'ensemble des mesures adoptées par l'Union européenne pour lutter contre les effets de la pandémie à 3 200 milliards d'euros, soit le plus important dans le monde. "La réunion s'est achevée sous les applaudissements des ministres", a annoncé sur Twitter le porte-parole du président de l'Eurogroupe, Mario Centeno. "Aujourd'hui, nous avons répondu à l'appel de nos citoyens en faveur d'une Europe qui protège" avec "des propositions audacieuses qui semblaient impossibles il y a à peine quelques semaines", a-t-il souligné.
Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a salué un "excellent accord" incluant "500 milliards d'euros disponibles immédiatement" et "un fonds de relance à venir".
Excellent accord entre ministres des Finances européens sur la réponse économique au #Coronavirus : 500 milliards d’euros disponibles immédiatement. Un fonds de relance à venir. L’Europe décide et se montre à la hauteur de la gravité de la crise.
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) April 9, 2020Bruno Le Maire a déclaré un peu plus tard aux journalistes que l'Europe avait conclu le plus important plan économique de son histoire. "Tout le monde avait en tête que c'était soit un accord, soit le risque d'une dislocation européenne", a-t-il dit. "C'est un plan efficace, c'est un plan massif", a-t-il poursuivi.
Le ministre allemand des Finances, Olaf Scholz, a lui salué "un grand jour pour la solidarité européenne". "Il est important que nous tous apportions une réponse commune qui permette à nos États de surmonter les défis sanitaires mais aussi les défis économiques" suscités par la pandémie de Covid-19, a indiqué le ministre.
L'Italie, pays européen le plus touché par la pandémie avec plus de 18 000 morts, s'est aussi félicité de l'accord par la voix de son ministre de l'Économie, Roberto Gualtieri. Il a salué dans un tweet "une proposition ambitieuse", ajoutant que son pays "se battrait pour qu'elle se concrétise".
Trois axes principaux
Face à la pandémie, la réponse européenne doit s'orienter sur trois axes principaux : jusqu'à 240 milliards d'euros de prêts du Mécanisme européen de stabilité (MES, le fonds de secours de la zone euro), un fonds de garantie de 200 milliards d'euros pour les entreprises et jusqu'à 100 milliards pour soutenir le chômage partiel.
Les chefs d'État et de gouvernement, qui n'étaient eux-mêmes pas parvenus à s'entendre lors d'un sommet le 26 mars, devront encore valider ces propositions.
La question des "corona bonds" non tranchée
La brûlante question des "corona bonds", destinés à soutenir l'économie à plus long terme après la crise, considérée comme moins urgente, n'a pas été tranchée jeudi.
Les pays les plus affectés par le virus, en particulier l'Italie, réclament la création d'un "fonds" de relance qui puisse être financé par de la dette commune, sous la forme d'euro-obligations parfois appelées "corona bonds" ou "eurobonds". Or, la mutualisation des dettes constitue une ligne rouge pour Berlin et La Haye, qui refusent de s'inscrire dans une démarche commune avec les États très endettés du Sud, jugés laxistes dans leur gestion.
Tandis que Bruno Le Maire a dit jeudi que l'accord ouvrait la voie à de la dette commune, son homologue néerlandais Wopke Hoekstra a souligné le contraire. "Nous sommes et resteront opposés aux 'corona bonds'. Ce concept n'aidera ni l'Europe ni les Pays-Bas sur le long-terme", a dit le ministre néerlandais de l'Économie à l'issue des pourparlers.
Le texte final évoque un "fonds de relance" dont "les aspects juridiques et pratiques", notamment le "financement", devront encore être définis.
Soulagement
Ce consensus constitue un soulagement pour les Européens qui parviennent à afficher une unité face aux conséquences économiques désastreuses du virus, après des semaines d'atermoiements mettant en évidence une fracture entre les pays du Nord et ceux du Sud.
Une réponse unitaire était d'autant plus indispensable que l'économie européenne se dirige en 2020 vers une profonde récession, le Fonds monétaire international estimant même que le coronavirus pourrait engendrer au niveau mondial "les pires conséquences économiques depuis la Grande Dépression" de 1929.
Mercredi matin, après seize heures d'échanges stériles, La Haye avait été unanimement critiquée pour son inflexibilité, un blocage qualifié de "contreproductif" et "incompréhensible" par Paris. Les États membres reprochaient aux Pays-Bas (soutenus, selon une source européenne, par l'Autriche, la Suède et le Danemark) de bloquer l'activation du Mécanisme européen de stabilité (MES), en conditionnant strictement les prêts que pourrait octroyer ce fonds de secours de la zone euro à des réformes économiques.
Une telle "conditionnalité", qui renverrait à l'époque où la Grèce avait été contrainte de mettre en œuvre des réformes parfois douloureuses en échange d'argent frais, aurait été vécue comme une humiliation par l'Italie et l'Espagne, les deux pays européens pour l'instant les plus touchés par l'épidémie.
Créé en 2012 lors de la crise de la dette et financé par les États membres, le MES pourrait prêter aux États jusqu'à 2 % de leur PIB, soit jusqu'à 240 milliards d'euros pour l'ensemble de la zone euro.
En ce qui concerne la France, Bruno Le Maire a déclaré vendredi matin sur Europe 1 que l'État était prêt à consacrer 20 milliards d’euros pour recapitaliser les entreprises publiques ou privées mises en difficulté par la crise, comme la compagnie Air France-KLM.
Avec AFP et Reuters