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Bruno Le Maire sur France 24 : "Nous devons être indépendants pour produire masques et respirateurs"

Dans un entretien accordé à RFI et France 24, vendredi, le ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire est revenu sur la pénurie de masques et de respirateurs artificiels en France, ainsi que sur l’impact de la pandémie de Covid-19 sur l'économie française. Il a par ailleurs dénoncé le manque de solidarité européenne dans la gestion de cette crise sanitaire et proposé la mise en place d’un "moratoire" sur la dette des pays africains en difficulté.

Face à la pénurie de masques en France, le ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire a déclaré, lors d'un entretien accordé à RFI et France 24, qu'il fallait "que nous soyons indépendants pour produire masques et respirateurs".

"La priorité absolue est de doter les personnels soignants de masques", a -t-il déclaré vendredi 3 avril. "Ce sont eux qui sont au contact quotidien avec le virus et qui nous protègent et nous soignent."

La France a commandé un milliard de masques à la Chine, mais une partie a été détournée par les Américains. "Nous avons beaucoup accéléré la production nationale de masques et nous devons en produire le plus grand nombre possible sur le territoire national dans les semaines qui viennent", a poursuivi le ministre.

Interrogé sur l’impact économique de la pandémie de Covid-19 et sur le plan d’urgence mis en place par le gouvernement, pour soutenir les entreprises, le ministre assure que l'État a "décidé de tout faire pour sauver notre économie". Comparant la crise actuelle à celle de 1929, Bruno Le Maire a assuré que le gouvernement souhaitait "éviter qu’il y ait des faillites en cascade avec des millions de chômeurs qui s’inscrivent à Pôle emploi". "Nous avons voulu éviter cette casse économique et cette casse sociale [...] Le redressement sera long, difficile et coûteux", a assuré Bruno Le Maire.

"Oui, l'Europe peut mourir avec le coronavirus"

Revenant sur le manque de solidarité entre Européens dans la gestion de la crise sanitaire, le ministre de l'Économie et des Finances affirme "partager à 100 %" l’analyse de Jacques Delors, ancien président de la Commission européenne, qui a estimé samedi 28 mars que le coronavirus représentait "un danger mortel" pour l’Union européenne.

"Si l’Europe n’est pas fidèle à ses racines historiques, c'est-à-dire si elle ne fait pas passer la solidarité humaine avant toute considération économique ou financière, elle ne s’en relèvera pas car le projet politique européen perdra son sens", assure Bruno Le Maire sur France 24 et RFI. "Nous sommes à la croisée des chemins : soit nous montrons concrètement notre solidarité vis-à-vis de tous les pays qui sont touchés par le virus, soit nous revenons à nos égoïsmes nationaux et l’Europe ne s’en remettra pas, l’Europe mourra et la zone euro disparaîtra".

"Pas de palabres" entre Européens

Alors qu’une réunion des ministres des Finances de la zone euro doit se tenir mardi prochain, Bruno Le Maire lance un appel à ses homologues : "Il faut qu’il y ait des décisions de soutien aux économies de la zone euro, pas des palabres". Et de plaider pour la mise en œuvre de quatre mesures phares : l’activation du Mécanisme européen de stabilité (MES) doté d'environ 400 milliards d'euros, "qui a été créé pour faire face à la crise", l’utilisation de la Banque européenne d’investissement (BEI), "qui a des crédits", un mécanisme de soutien au chômage partiel, et la création d’un "fonds de réponse aux conséquences de la crise économique".

Cette dernière proposition ne fait pas l'unanimité dans une Europe divisée, certains Etats souhaitant une solidarité plus forte au sein de l'Union européenne, tandis que d'autres sont plus réticents à s'engager sur cette voie.

"Un moratoire sur la dette des pays en développement"

Enfin, concernant l’impact de la pandémie de Covid-19 sur les pays du Sud, le ministre de l'Économie se dit "très inquiet de la violence avec laquelle cette crise va frapper les pays les moins développés, en particulier les pays africains". Il appelle à faire preuve de "solidarité" à leur égard, notamment en mettant en place un moratoire sur leur dette. "Tous les pays africains doivent pouvoir bénéficier, quand ils sont dans une situation difficile, de ce moratoire, qui pourrait être décidé dans le cadre du Club de Paris, sous l’impulsion de la France".

A ce titre, il déclare "partager" l’inquiétude du secrétaire général de l'ONU sur l'impact qu'aura cette crise sur les pays africains, ainsi "que son appel à la solidarité". Antonio Guterres propose de mettre en œuvre un plan urgence de 3 000 milliards de dollars pour aider les pays du Sud.