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Sonné par la crise du coronavirus, l'aéroport d'Orly accueille ses derniers vols commerciaux

Avec l'effondrement brutal du trafic aérien lié à la pandémie de coronavirus, l'aéroport d'Orly sera temporairement fermé au trafic commercial à compter de mardi. Il ne sera désormais plus accessible qu'aux aéronefs d'État et aux vols de secours médical d'urgence ou d'évacuation sanitaire.

Des bornes d'enregistrement fermées, un terminal quasi désert et des dizaines d'avions cloués au sol. À partir de mardi 31 mars, Orly, l'aéroport centenaire du sud de Paris accueille ses derniers vols commerciaux avant de se mettre en sommeil, frappé par l'effondrement du trafic aérien, en chute libre depuis le début de la pandémie de coronavirus.

Quelques passagers sont encore présents, souvent en rapatriement, mais à partir de mardi, seuls quelques avions pourront encore décoller ou atterrir d'Orly. "Durant cette période, l'aéroport d'Orly sera en permanence accessible aux aéronefs d'État et aux vols de secours médical d'urgence ou d'évacuation sanitaire", précise le communiqué du ministère de la Transition écologique.

Mardi, seulement dix mouvements d'avions et un peu plus d'un millier de passagers étaient prévus à Orly, contre 600 mouvements et 90 000 passagers pour une journée ordinaire.

Sonné par la crise du coronavirus, l'aéroport d'Orly accueille ses derniers vols commerciaux

"Ce n'est qu'un au revoir"

À 23h59, l'aéroport fermera ses portes et la poignée de compagnies qui y opéraient encore (quatre sur plus d'une centaine) sera transférée sur l'aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle (Roissy-CDG), lui-même lourdement affecté par la crise.

"J'estime qu'à CDG, nous aurons environ 10 000 passagers par jour, alors qu'en temps habituel, nous avons 200 000 passagers par jour", a commenté, lundi sur RTL, Augustin de Romanet, le PDG de Groupe ADP, le gestionnaire des aéroports parisiens.

Celui-ci a également tweeté sur le dernier vol commercial qui partira de l'aéroport d'Orly pour Madrid. "Ce n'est qu'un au revoir", a-t-il ajouté.

A 18 h 45 , un dernier vol commercial partira d’#orly pour Madrid . Ce n’est qu’un au revoir @AvgeeksFR @AFnewsroom @transavia @easyJet @Iberia_fr @royalairmarocnl @FrenchBee @_LaCompagnie, @CorsairFr @TunisairFrance @AirAlgerieAH @ @aircaraibes @vueling @AirEuropa @aircorsica pic.twitter.com/hFkmwEW5WV

— Augustin de Romanet (@Romanet) March 31, 2020

Il y a un an, Orly, qui existe depuis 1918, inaugurait en grande pompe 80 000 mètres carrés de nouvelles installations destinées à accueillir l'essor sans cesse croissant du trafic aérien, avec des perspectives de doublement du trafic en vingt ans au plan mondial.

"Pavillon français en situation de survie"

La situation des compagnies aériennes françaises "est simplement catastrophique", a indiqué mardi la Fédération nationale de l'aviation marchande (Fnam), en prévenant que "les mesures prises par le gouvernement [report des cotisations sociales, possibilité de prêts garantis par l'État] sont nécessaires, mais ne seront pas suffisantes pour sauvegarder le pavillon français en situation de survie".

Contrastant avec le ballet incessant d'avions sur les pistes il y a encore quelques semaines, un peu plus de 80 avions sont désormais immobilisés sur les aires de stockage, une voie de circulation, une zone de maintenance et une piste en béton.

Côté commerces, plus d'une centaine de boutiques, de bars et de restaurants ont dû baisser le rideau. Les SDF qui avaient élu domicile à l'aéroport ont, eux, été pris en charge par La Croix-Rouge.

Baisse de 80 % pour le trafic aérien en Europe

Pour le président de l'Union des aéroports français (UAF), Thomas Juin, en l'absence de recettes, les aéroports sont aujourd'hui "en mode protection" avec une réduction au maximum de toutes les charges.  

Avec les restrictions de déplacement visant à limiter la propagation du Covid-19 partout dans le monde, le trafic aérien en Europe a baissé de près de 80 %, selon des chiffres communiqués la semaine dernière par l'Association internationale du transport aérien (Iata). Des chiffres repris sur Twitter par Eamonn Brennan, directeur général d'Eurocontrol.

#COVID19 – Nearly all States now have traffic of less than 75% compared to last year. Largest markets down particularly hard: Spain -85% France -82% Germany -80% UK-71% Netherlands -74% @Transport_EU @CANSOEurope @ACI_EUROPE @A4Europ @IATA @ECACceac pic.twitter.com/20MMukSsaU

— Eamonn Brennan (@eurocontrolDG) March 25, 2020

"Un réseau squelette"

Principal client d'ADP, Air France ne propose plus que 10 % de son offre habituelle. Pour la plupart des plateformes, le trafic se résume actuellement à des vols de rapatriement et des vols sanitaires.

"Il a fallu adapter la voilure. À terme, on va arriver à un réseau squelette, c'est-à dire CDG et quelques grands régionaux. Ça va se compter sur les doigts d'une main", poursuit Thomas Juin.

CDG et les principaux aéroports régionaux accueillent toujours des vols commerciaux, mais une quarantaine de plateformes ont, ou vont fermer d'ici à la fin de la semaine leur activité au trafic commercial, selon le président de l'UAF.

Certains maintiendront néanmoins une activité côté piste pour assurer des vols d'intérêt général, pour la sécurité civile, les évacuations sanitaires, ou encore les hélicoptères de surveillance, précise-t-il.

D'autres aéroports sont totalement fermés, mais peuvent rouvrir à la demande avec un préavis d'une ou deux heures pour accueillir des vols spécifiques. Quant à la reprise, "ça va être lent, progressif, voire fébrile", achève Thomas Juin.

Avec AFP