
Candidate à l'entrée dans l'Union européenne depuis 15 ans, la Macédoine du Nord a vu son dossier avancer à Bruxelles ces derniers jours. Qu'en pense la jeune génération dans ce petit État des Balkans, qui est allé jusqu'à changer de nom pour répondre aux critères européens? Nos reporters se sont rendues à Skopje, la capitale, à la rencontre de jeunes Macédoniens, qui oscillent entre espoirs et déceptions face au rêve européen.
Depuis plusieurs semaines, les institutions européennes sont toutes dédiées à la gestion de la crise sanitaire due au coronavirus. Mais elles ont, malgré tout, trouvé le moyen d'avancer sur un tout autre dossier : celui de l'élargissement.
Mardi 24 mars, un cap a été franchi pour la Macédoine du Nord et l'Albanie. Les 27 ministres des Affaires européennes de l'Union européenne (UE) ont donné leur feu vert à l'ouverture des négociations d'adhésion pour Skopje et Tirana. "Votre avenir est dans l'UE", s'est réjoui le commissaire européen à l'Élargissement, Oliver Varhelyi.
Si la Macédoine du Nord a bien obtenu le statut de candidat il y a quinze ans, elle a depuis subi de nombreux revers. Dernier en date : le 18 octobre dernier, la France, par la voix d'Emmanuel Macron, opposait son veto à l'ouverture des négociations d'adhésion à l'UE. "Une lourde erreur historique", dénonçait la Commission européenne, redoutant que d'autres pays – notamment la Russie, la Turquie ou la Chine –, en profitent pour exercer leur influence dans les Balkans.
Efforts
Paris exigeait notamment davantage de contrôle sur les réformes engagées. Un vœu entendu par la Commission européenne qui a présenté une nouvelle approche il y a quelques semaines.
Les Macédoniens n'ont pas ménagé leurs efforts pour répondre aux critères européens. En juin dernier, le pays est allé jusqu'à changer de nom lorsque l'ancienne "République yougoslave de Macédoine" est officiellement devenue la "Macédoine du Nord". Une nouvelle appellation qui a permis de régler un vieux contentieux avec la Grèce, qui bloquait catégoriquement sa perspective d'adhésion.
Malgré ces avancées, la route est encore longue pour la petite République des Balkans et son processus d'adhésion à l'Union européenne, encore meurtrie par le Brexit, devrait prendre des années.
Certains Macédoniens préfèrent d'ailleurs partir et tenter directement leur chance en Europe. Selon les statistiques de la Banque mondiale, un quart de la population s'est exilée ces dix dernières années. À Skopje, la capitale, d'autres jeunes choisissent, eux, de s'investir dans leur pays et gardent l'espoir de devenir, un jour, Européens. Nos reporters, Alix Le Bourdon et Ana Krstinovska, sont partis à leur rencontre.