logo

Le père d'Astérix et Obélix, le dessinateur Albert Uderzo est décédé à l'âge de 92 ans d'une crise cardiaque, a annoncé mardi sa famille.

Les amateurs de bande dessinée sont en deuil. Le célèbre dessinateur Albert Uderzo, créateur de la série Astérix et Obélix avec René Goscinny, est mort mardi 24 mars, à l'âge de 92 ans. 

"Albert Uderzo est mort dans son sommeil à son domicile à Neuilly d'une crise cardiaque sans lien avec le coronavirus. Il était très fatigué depuis plusieurs semaines", a indiqué son gendre Bernard de Choisy auprès de l'AFP. Le décès du dessinateur a été confirmé par Aymar du Chatenet, président de l'Institut René Goscinny, et son ancien éditeur, Dargaud.

Le dessinateur Albert Uderzo (D), créateur avec René Goscinny (G) du personnage d'Astérix, est décédé ce mardi à l'âge de 92 ans, a-t-on appris auprès de sa famille et de proches #AFP pic.twitter.com/c6UCxJ4snl

— Agence France-Presse (@afpfr) March 24, 2020

Dessinateur aussi génial que modeste, Albert Uderzo restera évidemment comme le créateur d'Astérix et Obélix mais, toujours avec la complicité de René Goscinny, il avait aussi dessiné "Jehan Pistolet", le corsaire, "Oumpah-Pah", l'Indien, "Luc Junior", reporter ou encore "Benjamin et Benjamine", histoire d'un couple trépidant.

La rencontre avec Goscinny

Albert Uderzo est né le 25 avril 1927, à Fismes, dans la Marne, dans une famille d'immigrés italiens et avec douze doigts. L'anomalie sera corrigée par une opération. Son père était luthier. L'enfance, à Paris, est modeste mais heureuse.

Le jeune homme, qui est daltonien, découvre le dessin à la Société parisienne d'édition qui publie "Les pieds nickelés". Après la guerre, il lance des héros comme "Belloy l'invulnérable", "Flamberge", "Clopinard" ou "Arys Buck", un hercule accompagné (déjà) d'un petit compagnon casqué. Il travaille, entre autres, pour France-Dimanche et France-Soir. C'est une période de vache enragée : "Vivre de la BD était très dur à l'époque, disait-il, et j'ai dessiné une quantité astronomique de planches pour régler les fins de mois".

En 1951, il rencontre Goscinny, début d'une collaboration fraternelle de 26 ans. Ensemble, ils créent "Jehan pistolet" le corsaire, puis "Oumpah Pah" le peau-rouge.

Uderzo est mort. Je pense qu'on est tous d'accord pour dire que c'est bien plus qu'un dessinateur qui disparaît ce matin... ???????? pic.twitter.com/Ot1eKRzb1M

— Pierre Lepelletier (@PierreLepel) March 24, 2020

La naissance d'Astérix et Obélix

En 1959, dans un HLM de Bobigny où habite Uderzo, entre cigarettes et pastis, ils inventent un nouvel univers tout en "ix", avec une bande d'irréductibles Armoricains. L'idée proviendrait des séjours en Bretagne pendant la guerre du frère aîné d'Albert, Bruno, désireux d'échapper au STO (Service du travail obligatoire).

Anti-archétype du Gaulois viril, Astérix fait son apparition dans le premier numéro du magazine "Pilote" en octobre 1959, à la page 20. Le numéro s'arrache. Cette même année, Uderzo crée, avec le scénariste Jean-Michel Charlier, "Les aventures de Tanguy et Laverdure", un succès (c'est le frère cadet d'Albert, Marcel, qui s'occupa en partie des couleurs).

En 1961, paraît "Astérix le Gaulois", premier album d'une longue série. Rapidement, le dessinateur aux traits si expressifs ne se consacrera plus qu'aux aventures du Gaulois à gros nez.

La mort en 1977, à 51 ans, du grand scénariste René Goscinny, lors d'un test d'effort effectué pour un bilan de santé, l'affecta beaucoup. Ils ont publié ensemble 24 albums. Grâce à eux, la bande dessinée a conquis le grand public. Uderzo a ensuite quitté Dargaud, son éditeur historique, pour fonder sa propre maison, les éditions Albert-René, et reprendre le flambeau pour huit Astérix en solo (sans compter les albums anniversaires et de récits courts).

Albert Uderzo et "la zizanie"

A l'instar d'Hergé pour Tintin, Uderzo ne voulait pas de nouveaux Astérix après sa mort. Il a finalement changé d'avis. En 2011, souffrant d'un rhumatisme articulaire à la main droite, il passa le relais (en accord avec Anne Goscinny, unique ayant-droit de son père) à des auteurs plus jeunes, tout en suivant de près leur travail, là encore couronné de succès.

En 2008, c'est "La zizanie", titre du 15e album, qui résume tristement le dur conflit entre Albert Uderzo et sa fille unique, Sylvie. Ils se déchirent autour de la prise de contrôle par Hachette Livre de 60 % des éditions Albert-René, dont Sylvie détient les 40 % restants. Après sept ans de guerre ouverte et de procédures judiciaires, ils se sont réconciliés en 2014 mais, disait-il, cette affaire "m'a miné".

Portant le poids des années avec prestance et un détachement amusé, Albert Uderzo sera finalement resté un homme peu connu, de caractère réservé et d'allure tranquille, préférant parler de son travail que de lui.

Avec AFP