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Caissière, éboueur, routier... ces autres professions mobilisées face au coronavirus

Alors que les lumières sont braquées sur les personnels soignants, en première ligne dans la lutte acharnée contre le Covid-19, d'autres professions sont elles aussi mobilisées. Souvent précaires, peu ou pas protégées, elles font "tourner" le pays.

Ce sont aussi les "héros" de cette guerre contre le Covid-19. Ils ne sont ni médecin, ni infirmier mais pourtant aussi "en première ligne" face au coronavirus. Livreur, chauffeur VTC, éboueur, caissière, routier : souvent mal protégés, ils ont raconté à l'AFP leur quotidien au contact d'une population parfois indisciplinée.

Outre les policiers et gendarmes, chargés de faire respecter le confinement, c'est à cette France, parfois précaire, qu'Emmanuel Macron a demandé de "continuer à faire tourner" le pays.

Chantal, 60 ans, caissière : "certains le prennent à la rigolade"              

"Nous avons des gants, du gel et une paroi en plastique à chaque caisse mais les clients ne respectent pas les consignes, c'est la foire, on doit faire la police", regrette Chantal Patsinakis, 60 ans, caissière au Carrefour de Jonage (Rhône).

Au premier jour du confinement mardi, un homme lui a soufflé dessus devant le rayon fruits et légumes. "Il a dit en riant 'mince, vous allez avoir le coronavirus', c'est grave, certains prennent ça à la rigolade".

"On est comme réquisitionné par l'État, on se demande pourquoi on nous interdit le droit de retrait. On demande à tout le monde de se calfeutrer et nous on est en première ligne".

En plus des personnels de l’hôpital et de la petite enfance, mille mercis aux caissières et employés de supermarchés qui se tapent les transports et les afflux de clients sans masque. Pas de gros salaires, ni maisons de campagne pour eux. Ce sont des héros.

— Thomas Porcher (@PorcherThomas) March 17, 2020

Jean-Marc, 44 ans, chauffeur VTC : "Je ne touche plus aux valises"

Ancien ambulancier reconverti comme VTC depuis quelques mois, Jean-Marc Dubigny, basé à Arpajon (Essonne), est scrupuleux sur l'hygiène :  "Je désinfecte la voiture entre chaque client avec des lingettes et je passe un aérosol désinfectant à chaque fin de service, je ne sers plus la main des clients, je ne touche plus aux valises".

Depuis lundi, le ministère des Transports a interdit aux taxis et VTC de prendre un client sur le siège avant. Jean-Marc va plus loin puisqu'il n'accepte "que les courses avec un seul passager".

Souvent, "ce n'est pas pour aller travailler ou aller à un rendez-vous médical, mais pour dîner chez des potes, ou pour rentrer chez les parents à minuit après avoir passé la journée chez le petit copain ou la petite copine".

Célia, 29 ans, chauffeur routier : "on est des pestiférés"                  

Dans son 44 tonnes, Célia Arnaud "angoisse" de ramener le virus à sa famille, mais continue à transporter brioches et pâtes dans la France entière, comme nombre de chauffeurs routiers.

Dans les bases logistiques, l'accueil des magasiniers "est aléatoire", stresse la conductrice de 29 ans. "Parfois on nous attend avec masques et du gel hydroalcoolique, mais il y a des usines où les gens se tapent encore la bise. Moi je dis clairement non."

Sur les aires de repos, "on est traités comme des pestiférés", soupire-t-elle : les douches et sanitaires fermés compliquent son hygiène, beaucoup ne servent plus de cafés aux routiers. "Et en plus de ça, on bosse deux fois plus pour réapprovisionner car les gens achètent beaucoup trop par rapport à leurs besoins."

Pour un défilé réussi du 14 juillet il faudra cette année sur les Champs-Élysées :

- une armée d’infirmières et de médecins
- 10 régiments de caissières
- 50 compagnies de chauffeurs livreurs
- quelques anciens confinés
- des guéri-lléros ?

...et qui d’autres encore ?

— David Abiker (@DavidAbiker) March 21, 2020

Romain, 23 ans, éboueur : "déjà l'habitude de toucher la merde des autres"

"Franchement, virus ou pas, on a déjà tellement l'habitude de toucher la merde des autres, qu'on n'y pense plus maintenant", ironise Romain Andral, éboueur à Sète (Hérault). Il travaille sans masque, ni gel hydroalcoolique "à cause de la pénurie".

La tournée s'effectue à deux, le chauffeur et le ramasseur. "On a retiré le second ramasseur pour respecter la distance" dans le camion, explique-t-il.

"On est nombreux à tourner dans les véhicules, donc on désinfecte avec des lingettes le volant, les sièges à la fin de chaque service", ajoute-t-il.

Point positif : Sète est "une petite ville avec beaucoup d'embouteillages" et les rues vidées par le confinement, "ça aide beaucoup!"

Cette #crise met en lumière que ce sont bien souvent les + mal payés, les + mal considérés: éboueurs, agriculteurs, ouvriers des usines, caissières de supermarché, livreurs, aides à domicile...qui sont indispensables à la bonne marche de nos sociétés.
S’en souvenir pour l’après!

— Nicolas Matyjasik (@NicMatyjasik) March 19, 2020

Erwan, 24 ans, livreur : masque et gel, "trop galère"                 

"J'espère qu'on va pouvoir être confiné totalement", souffle Erwan, livreur à Paris. Malgré sa peur d'être exposé, le livreur a encore du mal à se faire aux gestes barrières. "Franchement, ma direction m'a donné du gel, mais je le laisse dans le camion, c'est trop galère, on en met quand on remonte", explique-t-il.

Même au moment de signer le contrat de livraison, le livreur tend son propre stylo aux clients.

Quant au masque, il n'en voit pas l'utilité: "on fait des gros efforts pendant les livraisons, ce serait impossible, ça donne chaud et on a du mal à bien respirer".

Afflux important devant les fast food à Paris des livreurs de repas à domicile.

Les restaurants s’organisent pour poursuivre leur activité avec le « à emporter ». #COVID19france pic.twitter.com/wUMnp0AKcy

— Remy Buisine (@RemyBuisine) March 16, 2020

AFP