L’ex-vice-président américain Joe Biden a remporté, mardi soir, plusieurs nouvelles victoires, dont une dans l’État-clé du Michigan, prouvant qu’il est capable de réunir une large coalition de démocrates. Son rival, le socialiste Bernie Sanders, aura désormais du mal à le rattraper.
Plus rien ne semble pouvoir arrêter Joe Biden. À l'issue d'un mini "Super Tuesday", mardi 10 mars, l'ex-vice-président américain a conforté son avance face à Bernie Sanders dans la course à l'investiture démocrate. Malgré une entrée en jeu difficile en février, le candidat centriste a effectué ces dernières semaines un retour en force jamais vu dans l'histoire récente des primaires démocrates.
Joe Biden a confirmé, une nouvelle fois, qu'il était le plus à même de rassembler une large coalition de démocrates. Leur point commun ? Ils cherchent tous le moyen le plus efficace d'en finir avec la présidence Trump. En faisant bloc le plus tôt possible derrière un champion, la possibilité de battre le républicain leur semble réaliste.
Sa popularité auprès des Afro-Américains, déjà constatée en Caroline du Sud et lors du "Super Tuesday", mardi dernier, a permis à "Uncle Joe" de remporter deux nouveaux États du Sud : le Missouri et le Mississippi.
"Coalition Obama"
Le modéré a aussi su convaincre les ouvriers blancs et les femmes de banlieue du Midwest, comme l'atteste sa victoire dans le Michigan. Dans cet État industriel très important, où 125 délégués étaient en jeu en vue de la convention de juillet, c'est Bernie Sanders qui l'avait emporté face à Hillary Clinton en 2016. Quelques mois plus tard, Donald Trump avait créé la surprise en ravissant cette terre démocrate.
Sud, Midwest, Nord-Est... Les commentateurs politiques américains estimaient, mardi soir, que Joe Biden était en train de reconstruire la "coalition Obama" qui a permis à la gauche de reprendre la Maison Blanche en 2008. Le candidat a désormais tous les ex-poids lourds de ces primaires derrière lui, à l'exception d'Elizabeth Warren qui n'a pas encore donné de consigne de vote.
Trois autres États votaient mardi soir : Joe Biden a également remporté l'Idaho, et les résultats n'étaient pas encore disponibles pour le Dakota du Nord et l'État de Washington, où la course semblait ultra serrée. C'était pourtant un bastion de Bernie Sanders, qui comptait sur une victoire pour garder la tête hors de l'eau. L'establishment du parti commence désormais à faire pression pour qu'il se retire et qu'il appelle au rassemblement. "Ce n'est pas fini", a rétorqué Nina Turner, une responsable de sa campagne.
Bernie Sanders remercié
Signe d'une grande tension, Bernie Sanders ne s'est pas exprimé mardi soir. De plus, les deux rivaux septuagénaires ont dû annuler leurs meetings en raison de l'épidémie de coronavirus. Depuis Philadelphie, Joe Biden, lui, a semblé tendre la main au socialiste dont les rêves de Bureau ovale s'éloignent encore un peu plus : "Je tiens à remercier Bernie Sanders et ses partisans pour leur énergie infatigable et leur passion. Nous avons le même but et, ensemble, nous battrons Donald Trump", a-t-il lancé.
"Le caractère du candidat et de la nation est en jeu" dans cette élection, a aussi affirmé Joe Biden, assimilant sa remontada à un "retour de l'âme de cette nation". Comme s'il voulait effacer les quatre dernières années, il a promis d'être "un président qui non seulement sait se battre mais sait guérir" les blessures et divisions du pays et qui "croit en l'empathie, la compassion et le respect pour tous".
Un "retour à la normale" façon Joe Biden vaut mieux qu'une "révolution" façon Bernie Sanders : c'est en tout cas le pari de l'ex-vice-président de Barack Obama. Lors d'un discours à Detroit lundi, il s'est présenté comme une figure de transition : "Je me vois comme un pont, rien d'autre", a-t-il déclaré en compagnie de la gouverneure du Michigan, Gretchen Whitmer, et de la sénatrice californienne, Kamala Harris, parfois citée comme potentielle vice-présidente de Joe Biden. "Il y a une génération entière de leaders derrière moi. Ils sont le futur de ce pays", a-t-il ajouté.
Duel télévisé
La semaine prochaine, les électeurs de quatre États, dont la redoutée Floride qui penche elle aussi pour Biden, voteront lors d'un nouveau mini "Super Tuesday". Entre temps, les deux candidats s'affronteront lors d'un nouveau débat télévisé dimanche soir en Arizona. Mais là encore, l'épidémie de coronavirus a incité les organisateurs à prendre des mesures : il n'y aura donc pas de public pour observer la joute orale entre Bernie Sanders et Joe Biden.
Ce dernier, installé confortablement dans son siège de favori, devra cependant rassurer sur son élocution, ses trous de mémoire et sa tendance à s'arrêter au beau milieu d'une phrase. Car Donald Trump ne compte pas faire de cadeau au démocrate qu'il affrontera sur scène.