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Dans la presse, ce lundi 2 mars, le bras de fer entre le régime syrien et la Turquie, qui menace l'UE d'ouvrir les portes aux réfugiés, la décision du gouvernement français de recourir à l’article 49-3 de la Constitution, pour faire passer sa réforme des retraites en évitant un vote de l'Assemblée nationale, et une tribune de l'écrivain Virginie Despentes, condamnant l'attribution du César de la meilleure réalisation au cinéaste Roman Polanski, accusé par plusieurs femmes d'agressions sexuelles.

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Dans la presse, ce lundi matin, la poursuite de l'escalade des tensions entre la Turquie et le régime syrien.

Après la mort, la semaine dernière, de 34 soldats turcs dans des frappes du régime de Bachar al-Assad, la Turquie a confirmé le lancement d'une offensive militaire d'envergure à Idleb, où deux avions de combat syriens ont été abattus dimanche, sans que la Russie intervienne. "Sous le regard passif de Moscou, Ankara assène une leçon à Damas", titre le journal libanais L'Orient-Le Jour. En intervenant militairement dans le nord-ouest de la Syrie, la Turquie dit vouloir s'opposer à une nouvelle grande vague migratoire, alors qu'elle accueille déjà plus de 3,5 millions de réfugiés. Et pour faire pression sur l'Union européenne, le président Recep Tayyip Erdogan dit laisser partir les migrants vers l'Europe, selon The Independent. The Financial Times évoque "un test pour l'accord conclu par l'UE avec la Turquie en 2016" – un accord qui limitait le flot de clandestins et demandeurs d'asile vers la Grèce, en échange de financements européens pour Ankara. L'annonce du président turc a provoqué l'afflux immédiat de plus de 10 000 migrants à la frontière grecque, d'après le journal suisse Le Temps, qui rapporte que des heurts les ont opposés aux forces de l'ordre. Ces affrontements évoqués à la une de Daily Sabah, qui dénonce "la violence policière" à laquelle les migrants sont confrontés : "Des milliers de déplacés sont arrivés aux frontières de la Grèce avec l'espoir de prendre un nouveau départ en Europe, après avoir fui la guerre et la violence qui hante leur pays, et se sont retrouvés à une autre forme de violence". L'attitude de la Grèce et de l'Union européenne vis-à-vis des migrants inspire un dessin à Hajej, pour le quotidien panarabe de Londres Al Araby Al Jadeed, où l'on voit l'Europe le visage recouvert d'un panneau d'interdiction, semblable aux masques utilisés contre le coronavirus.

Dans la presse également, la décision, samedi, du gouvernement français de recourir à l'article 49-3 pour faire adopter par l'Assemblée la réforme des retraites. En choisissant de passer en force, le Premier ministre Édouard Philippe "offusque" les syndicats et l'opposition : Le Figaro rapporte que la gauche et la droite ont déposé chacune une motion de censure contre son gouvernement. Deux motions qui devraient être débattues demain, mais n'ont aucune chance d'aboutir a priori, puisque La République en marche détient à elle seule la majorité absolue à l'Assemblée nationale. Si Le Figaro juge que "le Premier ministre a eu raison d'écourter le premier acte de (la) bataille de chiffonniers" à laquelle la réforme des retraites aurait donné lieu, le quotidien estime que "la mère de toutes les réformes (...) exigeait une préparation plus sérieuse et plus rigoureuse" de la part du gouvernement. "On ne change pas un système vieux de plus de 70 ans en improvisant son successeur sur un coin de table", regrette le journal. Même critique pour L'Opinion, qui voit dans "la précipitation" du gouvernement, "un renoncement à répondre sur les ambiguïtés du texte" et "dans (sa) fuite en avant, un danger d'entretenir une fronde sociale d'ici le vote final". Le recours au 49-3 alimente, en tout cas, les critiques sur le "côté autoritaire" d'Emmanuel Macron. "Manu militari": d'après Libération, "ce recours au 49-3 tue dans l'œuf le storytelling en cours sur le Macron new look. On nous avait promis un président plus à l'écoute, moins jupitérien. Il dégaine le 49-3. Gare à la contradiction", ironise le journal.

Libération, qui publie une tribune de l'écrivain Virginie Despentes, condamnant l'attribution, samedi, du César de la meilleure réalisation à Roman Polanski, accusé par plusieurs femmes de violences sexuelles. Dans un texte intitulé "Désormais on se lève et on se barre", saluant la décision de l'actrice Adèle Haenel de quitter la cérémonie des César en signe de protestation, l'auteur de "Vernon Subutex" adresse ce message aux "puissants, boss, chefs, gros bonnets" qui lui ont donné "envie de chialer de rage et d'impuissance". "On a beau le savoir, on a beau vous connaître, on a beau l'avoir pris des dizaines de fois votre gros pouvoir en travers de la gueule, ça fait toujours aussi mal. Tout ce week-end à vous écouter geindre et chialer. Vous plaindre de ce qu'on vous oblige à passer vos lois à coups de 49-3. Et qu'on ne vous laisse pas célébrer Polanski tranquilles. Et que ça vous gâche la fête. Mais derrière vos jérémiades, ne vous en faites pas : on vous entend jouir de ce que vous êtes les vrais patrons, les gros caïds, et le message passe cinq sur cinq : cette notion de consentement, vous ne comptez pas la laisser passer. (...) Vous exigez le respect entier et constant. Ça vaut pour le viol, ça vaut pour les exactions de votre police, ça vaut pour les César, ça vaut pour votre réforme des retraites. C'est votre politique : exiger le silence des victimes. Ça fait partie du territoire (...) Votre monde est dégueulasse. Votre amour du plus fort est morbide. Votre puissance est une puissance sinistre. Vous êtes une bande d'imbéciles funestes. Le monde que vous avez créé pour régner dessus comme des minables est irrespirable. On se lève et on se casse. C'est terminé. On gueule. On vous emmerde."

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