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César : Roman Polanski sacré meilleur réalisateur, l'actrice Adèle Haenel quitte la salle

Alors que le réalisateur est visé par des accusations de viol, le César attribué à Roman Polanski pour la meilleure réalisation, vendredi, pour son film "J'accuse" a suscité l'indignation de l'actrice Adèle Haenel, qui a quitté la salle, avant d'être suivie par plusieurs autres personnalités.

"La honte !" C'est le cri d'indignation poussé par l'actrice Adèle Haenel avant la remise du prix du meilleur réalisateur, lors de la 45e cérémonie des César, vendredi 28 février. Visé par des accusations de viol, le cinéaste Roman Polanski a reçu le César de la meilleur réalisation pour son film "J'accuse", suscitant la colère de plusieurs personnalités qui ont à leur tour suivi l'actrice symbole du mouvement MeToo à la française et quitter la salle Pleyel où se tenait la cérémonie.

A l'annonce du César de la Meilleure Réalisation pour Roman Polanski ("J'accuse"), Adèle Haenel quitte la salle.

Le meilleur des #César2020 > https://t.co/ipnVwouBeV pic.twitter.com/7xa0CTbU3H

— CANAL+ (@canalplus) February 28, 2020

Symbole d'un nouvel élan de #MeToo en France depuis qu'elle a accusé en novembre le réalisateur Christophe Ruggia "d'attouchements répétés" quand elle était jeune adolescente [de 12 à 15 ans], l'actrice Adèle Haenel a quitté hors d'elle, la salle Pleyel et son silence estomaqué après l'annonce du prix. "La honte…C'est la honte", a-t-elle lancé en partant, suivie par la réalisatrice Céline Sciamma et quelques autres personnes, juste avant l'annonce du César du meilleur film [censée clore la cérémonie], récompense suprême des César remise au film de Ladj Ly "Les Misérables".

"Écœurée"

L'humoriste Florence Foresti qui officiait brillament en tant que maîtresse de cérémonie a également fait le choix de ne pas revenir sur scène après l'annonce de ce sacre, abandonnant ainsi son rôle. Elle a instantanément affiché un "ÉCŒURÉE", blanc sur fond noir, dans sa story Instagram, très relayé ensuite sur les réseau sociaux. .

On ne voit pas comment les #Cesars pourraient se relever de ce qui s’est passé. En quittant son rôle de maîtresse de cérémonie après le #Cesar du meilleur réalisateur à #Polanski , #FlorenceForesti et ceux qui ont aussi quitté la salle , sauvent l’honneur de cette soirée pic.twitter.com/yskazizyWK

— francoise degois (@francoisedegois) February 29, 2020

À plusieurs reprises lors de la cérémonie, la maîtresse de cérémonie avait appelé le cinéaste "Atchoum" en allusion au nain de Blanche-Neige, refusant de le nommer directement. "Bonsoir, bienvenue à la cérémonie des taulards!... Euh des César. Il paraît qu'il y a des gros prédateurs... Euh producteurs dans la salle. Ça tombe bien, je suis bien équipée"... Dès l'ouverture de la cérémonie, Florence Foresti n'avait pas mâché ses mots à l'encontre du réalisateur Roman Polanski, qui, au total, a récolté 12 nominations.

L'équipe du film, absente

Ce prix est le cinquième que reçoit le réalisateur franco-polonais. Il l'avait déjà reçu pour "Tess" en 1980, "Le pianiste" en 2003, "The Ghost Writer" en 2011 et "La Vénus à la fourrure" en 2014. Il était déjà le réalisateur le plus césarisé dans cette catégorie.

Roman Polanski et l'équipe de son film, y compris l'acteur Jean Dujardin qui joue le rôle principal, étaient, eux, absents de la cérémonie, où ils avaient décidé de ne pas se rendre alors que des féministes avaient organisé un rassemblement pour protester contre les douze nominations reçues par son long métrage, thriller historique sur l'Affaire Dreyfus.

"Meilleure réalisation à Polanski : la salle est stupéfaite. Silence, gêne. Les César de la honte!", a tweeté l'association Osez le féminisme.

#cesar2020 #polanski les César de la honte ! #polanski meilleure réalisation : Adèle Haenel quitte la salle suivie par plusieurs dizaines de personnes . « Célébrer un violeur, c’est cracher à la figure de toutes les victimes  » https://t.co/2vJKrkaIAO

— Osez le féminisme ! (@osezlefeminisme) February 28, 2020

"J'aime beaucoup Roman Polanski, donc je suis très heureuse pour lui. Après, tout le monde n'est pas d'accord, mais vive la liberté", a réagi à l'inverse l'actrice Fanny Ardant, qui a reçu le César du meilleur second rôle féminin.

"Polanski violeur, cinéma coupable, public complice"

Avant le début de la cérémonie, des centaines de manifestants – principalement des femmes – avaient protesté aux abords de la salle Pleyel, où se tenaient les César. Certains, munis de fumigènes, avaient tenté d'approcher de la salle Pleyel en criant "Enfermez Polanski", avant d'être repoussés par la police.

Des slogans hostiles au cinéaste comme "Polanski violeur, cinéma coupable, public complice", avaient été lancés. Sur des pancartes, on pouvait lire : "Victimes de Polanski, on vous croit", ou "À bas le patriarcat".

Au total, le film "J'accuse" a a remporté troix prix. Meilleure réalisation, meilleure adaptation et meilleurs costumes, contre quatre pour "Les Misérables" – qui en plus du prix du meilleur film a remporté ceux du meilleur espoir masculin pour Alexis Manenti, celui du montage, et du public.

Le "Portrait de la jeune fille en feu", film de Céline Sciamma, pour lequel Adèle Haenel était nommée, a remporté, lui, le César de la meilleure photo.

Très impliquée dans le collectif 50/50 pour la parité dans le cinéma, Céline Sciamma aurait pu créer un moment historique en raflant le César de la meilleure réalisation, remporté une fois seulement par une femme, Tonie Marshall, pour "Vénus Beauté (Institut)", en 2000, il y a vingt ans.

Les prix d'interprétation de cette 45e cérémonie des César sont, eux, revenus à l'actrice Anaïs Demoustier pour son rôle dans "Alice et le maire" [avec Fabriuce Luchini], et à l'acteur Roschdy Zem dans "Roubaix, une lumière", d'Arnaud Desplechin.

Avec AFP