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Une flambée de violences entre hindous et musulmans à New Delhi a fait au moins 20 morts et plus de 200 blessés depuis dimanche. Ces embrasements dans la capitale font suite à une loi controversée sur la citoyenneté.

"Il est important que le calme et la normalité soient rétablis au plus vite", a déclaré mercredi 26 février le Premier minstre indien, Narendra Modi, chef du parti nationaliste hindou, après des violences entre hindous et musulmans qui ont fait 20 morts et près de 200 blessés à New Delhi. Et de poursuivre, "j'appelle mes sœurs et frères de Delhi à maintenir en tout temps la paix et la fraternité."

Il s’agit de l’un des pires embrasements de la capitale indienne depuis des décennies. Commerces mis à feu, drapeau hindou hissé sur une mosquée, Coran brûlé : des émeutiers armés de pierres, de sabres et parfois de pistolets, sèment le chaos et la terreur depuis dimanche dans des zones périphériques à majorité musulmane du nord-est de la mégapole, éloignées d'une dizaine de kilomètres du centre.

Des violences meurtrières entre hindous et musulmans embrasent New Delhi

"Vive le dieu Ram"

Lors de multiples incidents rapportés par la presse indienne, des groupes armés hindous s'en sont pris à des lieux et à des personnes identifiés comme musulmans. Des témoignages concordants font état de bandes criant "Jai Shri Ram" ("Vive le dieu Ram").

Dans le nord est de Delhi, voilà ce qu’il reste de ce marché où toutes les échoppes tenues par des musulmans ont été saccagées et incendiées. Ce matin les pompiers sont encore à pied d’œuvre. @France24_fr @FRANCE24 #DelhiViolence #DelhiBurning pic.twitter.com/QfrrJEDywC

— Philomene Remy (@PhilomeneRemy) February 26, 2020

Des heurts entre partisans et opposants d'une loi controversée sur la citoyenneté, jugée discriminatoire envers les musulmans par ses détracteurs, ont dégénéré en affrontements communautaires, entre hindous et musulmans.

Mercredi, la situation sur le terrain était tendue mais aucune violence n'avait été signalée en début d'après-midi. Les autorités indiennes ont déployé en nombre des policiers en tenue antiémeutes.

Les forces de l'ordre demandaient aux habitants de se barricader chez eux, ont constaté des journalistes de l'AFP. Des pompiers arrosaient de leur lance à eau des échoppes brûlées la nuit précédente.

Très important déploiement de paramilitaires et policiers ce matin à Maujpur dans le nord-est de Delhi. Mais certains habitants nous affirment ici ne pas avoir vu les forces de l’ordre avant hier soir. @France24_fr #DelhiViolence #delhiburning pic.twitter.com/ZC8WpfJ7i3

— Philomene Remy (@PhilomeneRemy) February 26, 2020

"Situation alarmante"

S'inquiétant de la "situation alarmante", le ministre en chef de Delhi, Arvind Kejriwal, a appelé sur Twitter le gouvernement de Narendra Modi à mettre en place un couvre-feu dans la zone et à déployer l'armée.

"Malgré ses efforts, la police (est) incapable de contrôler la situation et d'inspirer la confiance", a estimé le chef de l'exécutif local. Le maintien de l'ordre est de la compétence du gouvernement central à Delhi, territoire au statut particulier.

Un drapeau hindou, représentant le dieu-singe Hanuman, flottait mercredi matin au sommet d'une mosquée de quartier vandalisée, a vu une équipe de l'AFP. Des vidéos tournées la veille et circulant sur les réseaux sociaux, dont l'AFP a vérifié l'authenticité, montrent des hommes grimpant au minaret pour y arracher le haut-parleur et y accrocher le drapeau, sous les vivats.

Cette flambée de violence a éclaté au moment de la visite d'État en Inde du président américain Donald Trump, qui s'est achevée mardi par des entretiens avec Narendra Modi à New Delhi.

L'homme fort de l'Inde est confronté depuis décembre à un vaste mouvement de contestation contre une nouvelle législation qui facilite l'attribution de la citoyenneté indienne à des réfugiés, à condition qu'ils ne soient pas musulmans.

Ce texte a cristallisé les craintes de la minorité musulmane d'être reléguée au rang de citoyens de seconde classe, dans cette nation où les hindous représentent 80% de la population. La loi a provoqué les plus importantes manifestations dans le pays d'Asie du Sud depuis l'arrivée au pouvoir de Narendra Modi en 2014.

Avec AFP