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Aux portes de l'acquittement, Donald Trump savoure son triomphe

Sur le point d'être acquitté par le Congrès à l'issue d'un vote officiel mercredi, Donald Trump sort victorieux de la procédure d'impeachment, la plus grande épreuve de son mandat. Et laisse une Amérique profondément divisée.

La procédure d’impeachment va trouver son épilogue mercredi 5 février. Sans surprise, le procès au Sénat qui s'achève sur un vote officiel devrait acquitter Donald Trump. Le président américain va ainsi sortir triomphant de la plus grande épreuve de son mandat. Au terme de ces dernières semaines d’enquête, la procédure laisse des États-Unis plus divisés que jamais. Sans que la base électorale de Donald Trump n'ait vacillé.

49% d'opinions favorables

Les démocrates réclament la destitution du 45e président des États-Unis pour avoir essayé de forcer l'Ukraine à "salir" son possible adversaire à la présidentielle, Joe Biden, notamment en gelant une aide militaire cruciale pour ce pays en guerre.

Mais le suspense est quasi-nul : la Constitution des États-Unis impose une majorité des deux tiers (67 sièges sur 100) pour déclarer Donald Trump coupable et le président sait pouvoir compter sur le soutien sans faille d'au moins 52 des 53 sénateurs républicains.

Depuis que le scandale a éclaté, l'hôte de la Maison Blanche se dit victime d'une chasse aux sorcières orchestrée par ses adversaires qui n'auraient pas digéré sa victoire surprise de 2016.

La stratégie semble avoir, au moins pour partie, porté ses fruits. Donald Trump traverse, de fait, une période plutôt favorable : selon le dernier sondage de l'institut Gallup, il enregistre 49 % d'opinions favorables, un record depuis son arrivée au pouvoir.

Cerise sur le gâteau, les primaires de ses adversaires démocrates pour lui désigner un adversaire ont débuté lundi dans l'Iowa par un retentissant fiasco qui lui permet de rester sous la lumière des projecteurs, la position qu'il préfère.

"Je tiens mes promesses"

Mardi soir, devant le Congrès réuni au grand complet, le milliardaire républicain a vanté ses résultats "incroyables".

Dans l'hémicycle, la tension était palpable. Avant le discours, Donald Trump a ostensiblement évité de serrer la main que lui tendait la cheffe démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi. Et cette dernière, une fois l'allocution finie, a déchiré dans un geste spectaculaire sa copie du discours.

"Contrairement à tant d'autres avant moi, je tiens mes promesses", a lancé Donald Trump, sans cesse coupé par les ovations debout et les "USA, USA" des républicains, tandis que dans l'autre moitié de l'hémicycle, l'opposition démocrate restait assise et le plus souvent de marbre.

Dans cette même Chambre des représentants qui l'a mis en accusation, il a brassé tous les thèmes de la campagne à venir pour le scrutin du 3 novembre : son "mur puissant" contre l'immigration venue du Mexique, son intention d'interdire l'avortement "tardif", et les accusations contre les candidats démocrates qui prônent selon lui une "mainmise socialiste sur notre système de santé".

Le "boom des cols bleus"

Mais c'est surtout sur "la grande réussite économique" des États-Unis et le "boom des cols bleus" qu'il a mis l'accent, lors d'un discours sans annonce ni surprise. "Notre stratégie a marché", a-t-il martelé, en évoquant ses récents accords commerciaux avec la Chine, le Canada et le Mexique.

Le président a aussi défendu sa politique étrangère, à l'instar de son soutien à l'opposant vénézuélien Juan Guaido, un de ses invités au Congrès, contre le "dictateur socialiste" Nicolas Maduro dont il a promis de "briser" la "tyrannie".

Dernier clin d'œil appuyé à son camp, Donald Trump a enfin annoncé que Rush Limbaugh, animateur radio et figure de la sphère conservatrice qui vient de révéler qu'il souffrait d'un cancer du poumon, recevrait la "médaille de la Liberté". Elle lui a été remise, sous des applaudissements nourris, par la Première dame Melania Trump.

Rupture entre les trumpistes et les démocrates

À aucun moment, l'impeachment n'a donc été évoqué. Le président, que de nombreux républicains invitaient à tourner vite la page, a donc fait profil bas sur ce point comme son lointain prédécesseur démocrate Bill Clinton lors de son grand discours annuel en 1999.

Mais l'ombre du procès, qui a marqué une rupture définitive entre les trumpistes et les démocrates, planait sur l'hémicycle.

Les élus de l'opposition se sont le plus souvent abstenus d'applaudir, alors que les précédents discours sur l'état de l'Union ont pu être scandés par davantage de parenthèses consensuelles.

Alexandria Ocasio-Cortez, benjamine du Congrès et figure montante de la gauche démocrate, fait partie des élus qui ont boycotté ce rendez-vous institutionnel pour ne pas "légitimer" un président qui ne respecte selon elle ni les lois, ni la Constitution. D'autres sont partis en plein milieu, dénonçant ses "mensonges".

D'autres encore, au sein même du camp républicain, n'ont pas caché leur exaspération à l'égard du président. Le sénateur républicain Mitt Romney a, lui, déclaré mercredi qu'il voterait en faveur de la destitution de Donald Trump. "Le président s'est rendu coupable d'un horrible abus de la confiance du public", a dit dans l'hémicycle du Sénat l'ancien candidat malheureux à la présidentielle de 2012.

"Je suis conscient que certains dans mon parti vont vigoureusement désapprouver ma décision et que, dans certains milieux, je serai dénoncé avec vigueur", a ajouté le sénateur de l'Utah, qui pourrait bien être le seul élu républicain à faire défection lors du verdict.

Avec AFP

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