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Considéré comme une ancienne figure du recrutement pour le jihad en Syrie, le Français Mourad Farès comparaît à partir de lundi devant les assises de Paris. Il est notamment accusé d'y avoir dirigé un groupe de jeunes combattants francophones.
Cheveux bruns coupés courts, barbe discrète, lunettes, Mourad Farès, ancienne figure du recrutement pour le jihad en Syrie, s’est présenté lundi 20 janvier devant la cour d'assises spéciale de Paris, à l’occasion de l’ouverture de son procès.
L’homme de 35 ans est accusé d’avoir recruté pour le jihad en Syrie et d'avoir dirigé un groupe de jeunes combattants francophones. Il comparaît seul dans le box des accusés, notamment pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, financement du terrorisme et direction d'un groupe terroriste.
"Incarcéré à l’isolement depuis 2014 en France, il apparaît aujourd’hui devant la Cour d’assises spéciale derrière un vitrage pare-balles. ‘Je me suis radicalisé à l’automne 2012, au décès de mon cousin de mon âge. J’étais en quête de spiritualité rigoriste’", a expliqué l’accusé dont les propos sont rapportés par la reporter Alexandra Renard, qui suit le procès pour France 24.
#procèsMouradFarès Mourad Farès est cité dans tous les dossiers de filières de recrutement de jihadisme en France depuis 2012. En 2014, il se présente lui-même dans les médias comme le ppal recruteur sur le territoire. Aujourd’hui il se dit jihadiste repenti @France24_fr pic.twitter.com/ax57I7ntoB
— ALEXANDRA RENARD (@AlexRenardF24) January 20, 2020"Posture de repenti"
Et Mourad Farès de poursuivre au micro : "Début décembre 2012, je regardais sur YouTube des vidéos pour approfondir mes connaissances religieuses. Et là je tombe sur une vidéo de trois heures d’Omar Diaby sur Ben Laden. J’ai ensuite regardé toutes ses vidéos et suis rapidement tombé sous son emprise."
Originaire de Thonon-les-Bains (Haute-Savoie), Mourad Farès a été arrêté en août 2014 en Turquie et remis à la France en septembre. Incarcéré depuis, il aurait adopté une "posture de repenti" et montré des signes de "désengagement" selon les rapports de l'administration pénitentiaire. On lui reproche d’avoir été très actif sur les réseaux sociaux où il faisait la propagande du jihad. Les juges lui imputent l'organisation jusqu'à la mi-2013 de plusieurs réunions évoquant des départs en Syrie, à Paris, Strasbourg ou Lyon.
"En décembre 2012, j’ai fait les voix off de deux vidéos d’Omar Diaby. Je suis descendu le voir en février 2013, a-t-il relaté, lundi. Avant, on échangeait par téléphone et Internet. À l’époque, je considérais Omsen comme un érudit. Il m’a vite convaincu de la nécessité de la Hijra."
Dans les rangs de l’organisation État islamique
Il finit par partir en juillet 2013, traversant l'Europe en voiture avec trois comparses, après avoir reçu plusieurs virements bancaires. À son arrivée en Syrie, il rejoint les rangs de l'organisation terroriste État islamique en Irak et au Levant (EIIL, devenue l’organisation État islamique en 2014), et suit une formation sur le maniement des armes. Il nie avoir combattu, limitant son rôle à quelques surveillances.
Fin 2013, après s'être désolidarisé de l'EIIL, il intègre le groupe du Franco-Sénégalais Oumar Diaby, autre important recruteur de jihadistes toujours visé par un mandat d'arrêt international.
Mourad Farès est soupçonné d'avoir dirigé cette brigade de combattants francophones en l'absence d'Oumar Diaby jusqu'en mars 2014, mais il conteste avoir eu un rôle d'"émir". Il affirme avoir quitté le groupe pour cause de désaccord sur son affiliation au Front al-Nosra, l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda. "Sur place, [en Syrie ] je me suis rendu compte de la fausseté de ces vidéos, qu’il s’agissait d’interprétation fausse du Coran", a plaidé l’accusé.
L'un de ses ex-compagnons de voyage, Ala Eddine Benali, 25 ans, comparaît libre sous contrôle judiciaire devant les assises spéciales pour avoir tenté de rejoindre la Syrie. Il n'avait pu entrer en Turquie pour un problème de passeport.
Deux autres hommes, Hachmi Hattabi et Bilel Ben Mimoun, arrivés avec Mourad Farès en Syrie et présumés morts, bien que toujours recherchés, sont jugés par défaut. Le verdict est attendu vendredi.
Avec AFP et Reuters