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Couvre-feu décrété après l'annonce du retour du président déchu Zelaya

Des milliers de partisans du président déchu Manuel Zelaya se sont réunis dans les rues de Tegucigalpa pour célébrer le retour de l'ex-chef de l'État au Honduras. Le gouvernement de facto a décidé d'instaurer un couvre-feu.

AFP - Le président déchu du Honduras, Manuel Zelaya, est rentré clandestinement lundi à Tegucigalpa à la surprise générale, et a appelé l'armée à "retourner ses fusils contre les ennemis du peuple" depuis l'ambassade du Brésil où il a trouvé refuge, tout en se disant prêt au dialogue

Renversé par l'armée le 28 juin dernier et exilé au Nicaragua voisin, M. Zelaya a raconté aux journalistes à l'ambassade être revenu dans son pays au bout d'un "très long périple de 15 heures".

"Il a fallu effectuer plusieurs déplacements dans divers pays, changer de moyen de transport, élaborer des plans pour éviter les contrôles militaires, les cordons de police et autres systèmes de contrôle en vigueur", a-t-il expliqué.

Dès son arrivée M. Zelaya a appelé "le peuple hondurien" à se réunir autour de l'ambassade, où la télévision l'a montré souriant depuis la terrasse, coiffé de son éternel grand chapeau blanc et vers où ont convergé rapidement plusieurs milliers de ses partisans.

"Les forces armées doivent tourner leurs fusils contre les ennemis du peuple, pas contre le peuple", a lancé le président déchu aux militaires.

"Pour arriver jusqu'ici, dans ma capitale, pour être avec les miens, avec le peuple que j'aime tant et que je n'ai jamais abandonné, il a fallu un effort international extraordinaire, et maintenant me voici (...) pour rechercher le dialogue, pour régler le problème", a-t-il déclaré aux journalistes.

Le gouvernement en place a aussitôt établi un couvre-feu, en vigueur de 16H00 (22H00 GMT) à 07H00 du matin (13H00 GMT).

Le président de facto du Honduras, Roberto Micheletti, a "appelé le gouvernement du Brésil à respecter le mandat d'arrêt dicté contre M. Zelaya en le remettant aux autorités compétentes du Honduras", dans une déclaration à la radio et à la télévision où il est apparu entouré de ses ministres, des chefs de l'armée et de la police et des industriels qui avaient appuyé le coup d'Etat.

"L'Etat du Honduras s'engage à respecter les droits de M. Zelaya à un procés en bonne et due forme", a ajouté Micheletti, ex président du Congrès, placé à la tête de l'Etat par les militaires mais qui n'est reconnu ni par le Brésil ni par le reste de la communauté internationale.

"Le calme règne dans le pays, la loi et l'ordre prévalent et il n'y a pas d'informations sur des troubles ou des violences", a-t-il souligné, en demandant à ses concitoyens de "conserver leur tranquilité".

La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, et le président du Costa Rica, Oscar Arias, ont estimé que le retour de Zelaya offre une chance de résoudre la crise politique dans le pays.

"Maintenant que le président Zelaya est de retour, il serait opportun de le rétablir dans ses fonctions dans des circonstances adéquates, organiser les élections actuellement programmées pour novembre, garantir une transition pacifique de l'autorité présidentielle, et rétablir l'ordre constitutionnel et démocratique au Honduras", a dit Mme Clinton à New York.

Le ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim, a assuré que son pays n'avait "joué aucun rôle" dans son retour et s'était contenté de répondre favorablement à sa demande d'asile dans son ambassade.

Entre 40 minutes et une heure avant les faits "nous avons été informé que M. Zelaya se trouvait dans les abords de l'ambassade, on nous a demandé s'il pouvait venir et nous lui en avons donné l'autorisation", a-t-il indiqué.

Le retour surprise de M. Zelaya survient à un moment où le dialogue avec le gouvernement de facto est dans une impasse depuis l'échec de la médiation internationale menée par le président Arias, fin juillet.

Celle-ci avait achoppé sur le retour au pouvoir de M. Zelaya au sein d'un gouvernement d'union nationale, refusé par les autorités en place à Tegucigalpa, malgré les pressions croissantes de la communauté internationale.

Le Conseil permanent de l'Organisation des Etats américains (OEA), réuni à Washington, a adopté une déclaration appelant le gouvernement de facto du Honduras à garantir la sécurité de M. Zelaya et toutes les parties à éviter la violence.

Le retour de M. Zelaya a pris au dépourvu M. Micheletti, qui avait nié lundi matin qu'il soit rentré au Honduras, accusant les médias de pratiquer un "terrorisme médiatique" en annonçant le retour du président exilé.
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