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Bientôt voté, l’accord de Brexit divise déjà Londres et Bruxelles

Après trois ans et demi de blocages à Westminster, les députés britanniques doivent donner leur feu vert, jeudi, au Brexit, qui doit avoir lieu le 31 janvier. Ce vote ouvrira une page blanche ardue à remplir dans les relations tumultueuses entre le Royaume-Uni de l'Union européenne.

C'est une étape décisive. Après trois ans et demi de blocages à Westminster, les députés britanniques doivent donner, jeudi 9 janvier, leur feu vert au Brexit, qui devrait avoir lieu le 31 janvier. Ce vote ouvrira une page blanche ardue à remplir dans les relations tumultueuses entre le Royaume-Uni de l'Union européenne, notamment en ce qui concerne les relations commerciales et les questions de défense et de sécurité. 

La majorité écrasante dont dispose Boris Johnson depuis les élections législatives de décembre laisse peu de doute sur le vote prévu dans la journée à la Chambre des communes, après un débat expédié en quelques séances malgré la complexité du sujet et les enjeux historiques.

Le texte, qui traduit dans la loi britannique l'accord de 535 pages conclu par le Premier ministre britannique avec les 27, devrait passer comme une lettre à la poste. Il devra alors être validé par la Chambre des Lords puis promulgué par la reine, ce qui devrait relever de la formalité. Restera alors au Parlement européen à ratifier le traité pour que le Royaume-Uni deviennne le 31 janvier à 23 h (heure de Londres et GMT) le premier pays membre à quitter l'Union européenne.

L'accord de Brexit négocié avec Bruxelles règle dans les grandes lignes le divorce en garantissant notamment les droits des citoyens et en réglant le casse-tête de la frontière irlandaise. Surtout, il vise à garantir un passage en douceur vers une relation future qui reste totalement à déterminer.

Un délai très court

Après ce vote, s'ouvrira à partir du 31 janvier une période de transition courant jusqu'à la fin 2020, censée permettre à Londres et Bruxelles de s'accorder sur leur future relation, notamment commerciale mais portant aussi sur d'autres sujets de coopération comme la défense ou la sécurité. En parallèle, les Britanniques continueront d'appliquer les règles européennes et d'en bénéficier, sans siéger dans les institutions européennes ni avoir leur mot à dire sur les décisions.

Après trois reports du Brexit, prévu initialement en mars dernier, ce délai s'annonce très court pour négocier des accords de libre-échange ou de sécurité, qui généralement prennent des années à mettre en place. Mais, pour Boris Johnson, il n'est pas question de prolonger la transition au-delà de 2020, possibilité envisagée par l'accord de Brexit.

Boris Johnson l'a redit, mercredi, à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qu'il a reçue à Londres, appelant à commencer "dès que possible" à négocier.

Today I met with @vonderleyen. When we leave the EU on January 31st, we will negotiate a new free trade agreement with our European partners and continue to work together as friends and sovereign equals to tackle the world’s greatest challenges. pic.twitter.com/ahN6gYqIVn

— Boris Johnson (@BorisJohnson) January 8, 2020

Face au calendrier serré, Downing Street a cependant laissé entendre que Londres pourrait se contenter d'un accord partiel si aucun accord global n'était trouvé d'ici à la fin de l'année. 

"Établir des priorités"

En effet, si cette période de transition n'est pas prolongée, les relations commerciales entre les deux parties seront régies à compter du 1er janvier 2021 soit par les règles basiques de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), soit par les conditions d'un éventuel accord trouvé d'ici là.

De son côté, la cheffe de l'exécutif européen a prévenu que "sans une extension de la période de transition au-delà de 2020, on ne peut pas espérer s'accorder sur tous les aspects de notre nouveau partenariat". "Nous allons devoir établir des priorités", a-t-elle ensuite ajouté. 

Elle a averti que Bruxelles resterait ferme sur ses principes : "Sans concurrence équitable en matière d'environnement, de travail, de fiscalité et d'aides d'État, vous ne pouvez pas avoir un accès de la plus haute qualité au plus grand marché commun du monde".

Elle a également précisé que le Royaume-Uni ne pourrait bénéficier de la libre-circulation des capitaux, des biens et des services sans la quatrième liberté fondamentale de l'UE, la liberté de circulation des personnes.

L'UE a lancé, mercredi, des travaux pour définir ses lignes rouges et ses objectifs dans les négociations. Ces discussions doivent orienter la Commission, chargée de présenter aux États membres un mandat de négociation l'autorisant à négocier en leur nom et qui pourrait être formellement adopté fin février. 

Avec AFP et Reuters