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Crash du Boeing 737 à Téhéran : l'enquête s'annonce difficile

D'après les premiers éléments de l'enquête, le Boeing 737 d'Ukraine Airlines, qui s'est écrasé mercredi à Téhéran, a fait demi-tour après un "problème" au décollage. Des experts ukrainiens sont sur place et le Canada, qui compte de nombreux ressortissant parmi les victimes, demande une enquête. Le tout sur fond de tensions diplomatiques. 

Le Boeing 737 d'Ukraine International Airlines, qui s'est écrasé mercredi à Téhéran, avait fait demi-tour après un "problème", a indiqué, jeudi 9 janvier, l'Organisation de l'aviation civile iranienne (CAO).

Le vol PS752 d'Ukraine International Airlines (UIA) avait décollé à 6 h 10 locales de l'aéroport Imam Khomeiny en direction de l'aéroport Boryspil de Kiev et s'est écrasé s'est écrasé six minutes après son décollage, près de la localité de Sabashahr, au sud-ouest de Téhéran, tuant les 176 personnes à son bord.

"L'avion, qui se dirigeait initialement vers l'Ouest pour sortir de la zone [aérienne] de l'aéroport, a tourné à droite, à la suite du problème, et était sur le chemin du retour à l'aéroport au moment du crash", a précisé la CAO dans son premier rapport d'enquête préliminaire publié sur son site Internet dans la nuit de mercredi à jeudi.

"L'appareil a disparu des écrans radars au moment même où il atteignait une altitude 8 000 pieds [environ 2 400 mètres]. Le pilote n'a transmis aucun message radio concernant des circonstances inhabituelles", a ajouté l'organisation.

Les enquêteurs, qui citent des témoins au sol et dans un autre avion ayant survolé la zone à une haute altitude, indiquent que le Boeing 737 de la compagnie ukrainienne était en flammes alors qu'il était toujours en vol. Une source proche des services de sécurité canadiens a dit à Reuters que des éléments pointaient en direction d'une surchauffe de l'un des moteurs.
 

Crash du Boeing 737 à Téhéran : l'enquête s'annonce difficile

Imbroglio diplomatique

Si l'enquête incombe aux autorités iraniennes, conformément à la Convention de Chicago de l'Organisation de l'aviation civile internationale, l'État où a été conçu et construit l'appareil (les États-Unis) et l'État de l'exploitant (l'Ukraine) "ont chacun la faculté de désigner un représentant accrédité qui participera à l'enquête". Les États-Unis ont de leur côté appelé à la "pleine coopération avec toute enquête sur les causes."

La CAO, de son côté, a indiqué sans plus de précision que les boîtes noires, retrouvées dès mercredi, seraient envoyées "à l'étranger", mais Téhéran a déjà indiqué qu'il refusait de remettre les boîtes noires aux Américains.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a ordonné l'ouverture d'une enquête et 45 experts ukrainiens sont arrivés à Téhéran avant l'aube jeudi pour participer à l'enquête et notamment "au décryptage des boîtes noires" du Boeing. Ils auront également pour tâche "d'identifier et rapatrier" les victimes ukrainiennes.

L'Organisation a indiqué qu'une première réunion entre experts iraniens et ukrainiens a commencé à la mi-journée.

Volodymyr Zelensky a également décrété un deuil national pour la journée de jeudi. "La priorité pour l'Ukraine est d'établir les causes de cette catastrophe", a-t-il dit, promettant "la vérité".

"Les Canadiens ont des questions à poser"

Depuis Kiev, le chef d'État a déclaré que le gouvernement envisageait plusieurs causes plausibles expliquant l'accident de l'appareil, à bord duquel se trouvaient 82 Iraniens, 63 Canadiens, 11 Ukrainiens, 10 Suédois et 4 Afghans, selon les autorités ukrainiennes. Il s'agit du crash d'avion civil le plus meurtrier en Iran.

La CAO indique de son côté que 146 passagers étaient porteurs d'un passeport iranien, dix d'un passeport afghan, cinq d'un passeport canadien, 4 d'un passeport suédois en plus des 11 Ukrainiens. La différence s'explique par la présence de nombreux binationaux (dont a priori 140 Irano-Canadiens) qui ne peuvent entrer et sortir de la République islamique que sur présentation de leur passeport iranien.

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a réclamé une "enquête approfondie" sur cette catastrophe aérienne : "Les Canadiens ont des questions à poser, et ils méritent d'obtenir des réponses". Pays hôte d'une importante diaspora iranienne, le Canada a rompu ses relations diplomatique avec l'Iran en 2012 en reprochant à la République islamique son soutien au gouvernement de Bachar al-Assad en Syrie.

Néanmoins, selon Téhéran, le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, a discuté par téléphone jeudi avec son homologue canadien François-Philippe Champagne "du crash de l'avion ukrainien et d'autres sujets". 

Boeing "prêt à aider par tous les moyens nécessaires"

Boeing, touché par un scandale autour de ses 737 MAX cloués au sol depuis 10 mois, a dit être "prêt à aider par tous les moyens nécessaires". Selon UIA, qui a suspendu ses vols vers Téhéran, le Boeing 737, construit en 2016, avait subi il y a deux jours un contrôle technique.

La catastrophe du 737 de la compagnie privée UIA intervient sur fond de graves tensions entre l'Iran et les États-Unis, et peu après le tir de missiles par Téhéran visant les troupes américaines en Irak. Rien n'indique cependant que ces événements sont liés et le président ukrainien Volodymyr Zelensky a mis en garde contre toute "spéculation".

La première évaluation des services de renseignement occidentaux est que l'appareil a été victime d'un dysfonctionnement technique et n'a pas été abattu par un missile, ont affirmé cinq sources sécuritaires (trois américaines, une européenne et une canadienne) à Reuters.

Avec AFP et Reuters