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À Abidjan, Emmanuel Macron veut renforcer les relations franco-ivoiriennes

En visite en Côte d'Ivoire, Emmanuel Macron a inauguré samedi un complexe sportif. En marge de sa visite à Abidjan, il a annoncé que 33 "terroristes" avaient été "neutralisés" au Mali, dans le cadre de l'opération française Barkhane.

La jeunesse, le sport et le terrorisme sont au programme d'Emmanuel Macron en visite depuis vendredi en Côte d'Ivoire. Après avoir fêté Noël avec les soldats français basés à Abidjan, le président français va chercher, samedi 21 décembre, à renforcer les relations franco-ivoiriennes.

Épisode insolite dans la matinée, le président, qui fête son 42e anniversaire, a été fait chef traditionnel "dans la plus pure tradition", héritant du nom de "N'djekouale"(chercheur de paix en langue ébrié) et des attributs liés à cet honneur, notamment un "bâton de commandement et un chasse-mouche".

Il a ensuite pris la direction du quartier populaire de Koumassi pour inaugurer une "agora" en compagnie de l'ex-footballeur Didier Drogba, idole de Marseille et de Chelsea, et de la championne olympique française de judo Priscilla Gneto, née en Côte d'Ivoire.

Cette agora, qui offrira des équipements sportifs, comme des terrains de football ou de basket, sur plus de trois hectares, doit servir de modèle à l'implantation de 80 autres centres sur l'ensemble de la Côte d'Ivoire.

L'actualité s'invite dans la visite

En marge de sa visite, Emmanuel Macron a annoncé que 33 "terroristes" avaient été "neutralisés" dans la matinée dans la région de Mopti, au centre du Mali, au cours d'une opération de la force française Barkhane.

Au cours de cette opération, les soldats français ont libéré deux gendarmes maliens qui étaient retenus en otages par les jihadistes et fait un prisonnier, a précisé le chef de l'État français au cours d'un discours devant la communauté française.

L'armée française utilise les expressions "neutralisé" ou "mis hors de combat" sans préciser s'il s'agit de morts ou de prisonniers, mais une source proche de la présidence a indiqué que les "terroristes" avaient été "tués". 

"Ce succès considérable, c'est l'engagement de nos forces, c'est le soutien que nous apportons au Mali, à la région et à notre propre sécurité", a ajouté Emmanuel Macron. "Nous avons eu des pertes, nous avons aussi des victoires ce matin grâce à l'engagement de nos soldats et de l'opération Barkhane."

À Abidjan, Emmanuel Macron veut renforcer les relations franco-ivoiriennes

Le jeunesse au cœur des projets de Macron

Dans le discours prononcé à Ouagadougou en 2017, destiné à redessiner les relations franco-africaines, Emmanuel Macron avait souhaité que "l'Afrique puisse se doter des meilleures installations sportives pour ses sportifs et pour ses jeunes".

Comme il l'a fait lors de ses précédents déplacements en Afrique, Emmanuel Macron aura ensuite un échange avec des étudiants, cette fois de l'institut de santé d'Abidjan, notamment sur la lutte contre le sida et les pandémies. Le chef de l'État passera une partie de la journée en compagnie de son homologue Alassane Ouattara, qui s'est déjà rendu à six reprises à Paris depuis le début du quinquennat d'Emmanuel Macron.

Craintes électorales

De source diplomatique, et même si cela ne fera probablement pas l'objet d'une annonce, Emmanuel Macron pourrait aborder avec son hôte l'épineux dossier de l'élection présidentielle prévue en octobre 2020 en Côte d'Ivoire. Âgé de 77 ans, Alassane Ouattara entretient le mystère sur une éventuelle candidature à un troisième mandat. Dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011 qui avait fait 3 000 morts, la période qui s'ouvre s'annonce tendue. Toujours de source diplomatique, Emmanuel Macron devrait tenter de convaincre Alassane Ouattara de ne pas se laisser attirer par "les sirènes d'un troisième mandat".

L'opposition ivoirienne a, elle, renoncé à organiser samedi un meeting à Abidjan, affirmant que les autorités veulent "interdire les manifestations" pendant la visite du président français. "Le ministre de l'Intérieur a imposé à tous les maires du district d'Abidjan de ne pas autoriser de manifestations publiques. La police n'a pas voulu sécuriser les lieux. On a préféré reporter", a indiqué samedi matin Franck Anderson Kouassi, un porte-parole de l'opposition.

Relancer le métro

Le président français, qui répète souvent que la France ne peut pas lutter seule contre le jihadisme au Sahel, va par ailleurs relancer un projet qui lui tient à cœur : la construction de l'Académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT), près d'Abidjan.

Il avait dévoilé ce projet en 2017 lors du sommet UE-Afrique, avec l'ambition de faire de cette académie un centre de formation de référence pour l'Afrique de l'Ouest, regroupant à la fois une école pour des cadres et un camp d'entraînement.

Toutefois, le projet n'a depuis guère avancé et le site choisi dans la station balnéaire de Jacqueville, à une cinquantaine de kilomètres d'Abidjan, est toujours un terrain vague, seuls des travaux de terrassement ayant été réalisés. Ivoiriens et Français n'ont jusqu'à présent pas pu s'entendre sur le financement, chiffré à environ 20 millions d'euros. L'impulsion donnée samedi vise à faire débuter les travaux en janvier pour se terminer en septembre, selon des sources sécuritaire.

Un autre dossier qui pourrait être relancé est celui du métro d'Abidjan, un projet titanesque de 1,5 milliard d'euros financé par la France, dont Emmanuel Macron avait posé la première pierre en 2017. Depuis, le dossier a évolué mais les travaux n'ont pas commencé. 

Accompagné de son épouse Brigitte et de plusieurs ministres, Emmanuel Macron terminera sa deuxième visite en Côte d'Ivoire en se rendant dimanche à Bouaké, la deuxième ville du pays. Avant de faire une escale rapide au Niger, consacrée à la crise sécuritaire au Sahel.

Avec AFP