La réunion multilatérale sur la réforme des retraites organisée par le Premier ministre avec les syndicats s'est soldée par un échec, jeudi. Faute d'avancées, l'intersyndicale appelle à une mobilisation interprofessionnelle dès le 9 janvier.
Après deux semaines de grève, les négociations piétinent toujours. À l'issue de deux jours de discussions avec les partenaires sociaux, le Premier ministre Édouard Philippe n'est pas parvenu à calmer la fronde contre la réforme des retraites.
"Les discussions de ces derniers jours ont permis des avancées concrètes", notamment sur la question de la prise en compte de la pénibilité, a néanmoins estimé le chef du gouvernement lors d'une déclaration à la presse à Matignon, jeudi 19 décembre.
Concernant l'équilibre financier du système de retraites, "priorité du gouvernement", il est impératif qu'au moment où les parlementaires voteront la loi, et je l'espère avant l'été, nous ayons fixé un cadre lisible", a-t-il prévenu. "Ni le président de la République, ni moi ni aucun membre du gouvernement ne voulons annoncer les bonnes nouvelles en renvoyant à plus tard les additions".
EN DIRECT | Déclaration d’@EPhilippePM sur le système universel de retraite. https://t.co/1gs3ehUnMF
— Gouvernement (@gouvernementFR) December 19, 2019À la veille du début des vacances scolaires, le chef du gouvernement a également appelé les syndicats, dont la
mobilisation contre le projet de réforme provoque depuis deux semaines de fortes perturbations dans les transports, à la responsabilité pour permettre "aux Français de rejoindre leur famille" pour les fêtes de fin d'année.
Pour la CGT, le gouvernement reste sourd
Le leader de la CGT, Philippe Martinez a annoncé une nouvelle journée interprofessionnelle de manifestations et de grèves le 9 janvier.
"Le Premier ministre est attaché à l'équilibre du système" de retraites, "de ce point de vue-là il n'y a pas eu de nouveauté", a regretté le dirigeant syndical. "La CGT évidemment ne partage pas ce projet, donc au nom de l'intersyndicale (CGT, FO, CFE-CGC, Solidaires, FSU), je peux vous annoncer qu'une prochaine journée interprofessionnelle d'action aura lieu le 9 janvier prochain", a-t-il ajouté. "La seule chose de concrète, c'est que le Premier ministre n'a pas entendu la rue".
"Au-delà des initiatives d'ores et déjà programmées, le 19 décembre et sans trêve jusqu'à la fin de l'année 2019, les organisations appellent à une nouvelle puissante journée de grève et de manifestations interprofessionnelles et inter-générationnelles le jeudi 9 janvier 2020", souligne l'intersyndicale dans un communiqué.
Pour le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, des désaccords persistent sur la question de l'âge d'équilibre assorti d'un système de bonus-malus que le gouvernement veut instaurer à 64 ans afin de contribuer à l'équilibre budgétaire du système des retraites.
"Il y a un désaccord sur la temporalité qui consiste à dire qu'il y aura besoin urgemment de mesures punitives pour les travailleurs et un désaccord sur la méthode elle-même", a déclaré le secrétaire général de la centrale réformiste.
"Si début janvier cet âge d'équilibre était toujours dans l'horizon, nous aurions des initiatives", a-t-il prévenu.
Pas de trêve de noël à l'horizon
Pour Yves Veyrier, numéro un de FO qui comme la CGT réclame le retrait complet du projet de système à points, "on est dans une situation qui n'a pas bougé. Le Premier ministre essaye de nous prendre dans une forme de piège".
"On nous propose des discussions très vite, mais avec une contrainte (...), le projet de loi est écrit", a-t-il indiqué.
"C'est au gouvernement d'appuyer sur le bouton pause".
Pour tenter de sortir de la crise, le Premier ministre a proposé des réunions thématiques début janvier sur la
pénibilité, les transitions vers le régime unique de retraites, le minimum contributif et les fins de carrière, a indiqué François Asselin, président de la CPME.
D'ici janvier, l'intersyndicale (CGT, FO, FSU, Solidaires, Fidl, MNL, Unef, Unl) mobilisée depuis le 5 décembre, a prévenu, dans un communiqué publié jeudi à l'issue de la réunion, qu'elle poursuivrait ses actions et qu'elle n'observerait pas, contrairement à la CFDT et à l'Unsa, de trêve pendant les fêtes de fin d'année.
Avec AFP et Reuters