
Recevant à l'Élysée des représentants du secteur automobile, le président français s'est dit prêt à aider la filière à condition d'un engagement fort de leur part sur l'absence de délocalisations de sites industriels.
Reuters - Le gouvernement français s'est dit prêt lundi à faire plus pour venir en aide aux constructeurs automobiles et à leurs sous-traitants mais exige en contrepartie des "engagements forts" de leur part sur l'absence de délocalisations de sites industriels.
Recevant à l'Elysée des représentants du secteur, Nicolas Sarkozy a chargé en outre le secrétaire d'Etat à l'Industrie Luc
Chatel d'une mission sur les moyens d'améliorer sa compétitivité afin d'assurer la pérennité de cette industrie en France.
Il devra rendre ses conclusions d'ici à fin janvier, date à laquelle une nouvelle réunion se tiendra à l'Elysée.
Entre-temps, le chef de l'Etat a annoncé qu'il était prêt à mettre en oeuvre "de nouvelles formes d'aide, notamment sous
forme de prêts ou de garanties, qui devront être élaborées en coordination avec nos partenaires européens et avec la
Commission européenne", a indiqué l'Elysée dans un communiqué.
"Nous sommes prêts à faire ce qui est nécessaire pour sauver notre filière automobile", a dit Luc Chatel à l'issue de cette
réunion à laquelle ont participé notamment le président du directoire de PSA , Christian Streiff, et le nouveau
directeur général délégué de Renault , Patrick Pelata.
Elle intervient au moment où le marché automobile est en chute libre en France comme dans les autres grands pays du fait de la crise économique, avec pour conséquence un recodrs massif des constructeurs au chômage technique et de nombreuses difficultés chez leurs sous-traitants.
Le plan de relance de 26 milliards d'euros dévoilé au début du mois par Nicolas Sarkozy intégrait déjà des aides au secteur comme l'instauration d'une prime à la casse pour les voitures de plus de dix ans, la création d'un fonds de 300 millions d'euros pour financer les restructurations chez les petits sous-traitants et l'octroi de garanties pour le financement des filiales de crédit des constructeurs français.
INVERSER LA TENDANCE
L'Elysée a précisé que le décret de création de la prime serait publié dans les prochains jours et que, sur le milliard
d'euros de garanties promises pour le crédit, 779 millions avaient déjà apportés.
Le communiqué ajoute que les constructeurs et les grands équipementiers ont confirmé leur engagement de participer au fonds pour les restructurations, qui devrait être opérationnel avant fin janvier.
La présidence indique encore que des instructions seront données aux préfets et trésoriers payeurs généraux "pour un
examen compréhensif des dossiers de la filière en matière de paiement des impôts et charges sociales".
Luc Chatel a souligné que toutes ces aides, et celles qui pourraient les compléter, étaient conditionnées à "des engagements forts de la part des constructeurs, notamment dans le cadre du maintien des sites industriels en France".
"Elles passent par l'abandon de toute politique d'encouragement délibéré à la délocalisation de leurs fournisseurs et sont incompatibles avec la fermeture d'usines d'assemblages en France ou avec le transfert hors de France de la production de tout ou partie d'une gamme de modèles", a expliqué la présidence.
Carlos Ghosn, le PDG de Renault, un groupe dont l'Etat détient encore 15% du capital, s'est déjà dit prêt à jouer le jeu mais son homologue de PSA, Christian Streiff, s'est abstenu jusqu'ici de toute déclaration en ce sens. Il a quitté l'Elysée sans répondre aux questions de la presse.
Au delà des difficultés actuelles, Luc Chatel a indiqué qu'il fallait aujourd'hui étudier les moyens d'améliorer la compétitivité du secteur automobile.
Il a fait valoir que 2,5 millions de véhicules étaient construits annuellement aujourd'hui en France contre plus de
trois millions en 2002 et que la part de marché des véhicules produits dans l'Hexagone était de l'ordre de 40% "alors qu'il
était de 60% il y a seulement quatre ans".
"On voit bien qu'on a une dégradation de compétitivité de notre industrie automobile. On doit inverser la tendance", a-t-il dit.