
Plongé dans une grave crise humanitaire, le Venezuela fait face à une pénurie de médicaments indispensables pour soulager les malades du VIH. Une pénurie qui a entraîné la mort de nombre d'entre eux, et l'émigration de beaucoup d'autres.
Au Venezuela, la journée mondiale de lutte contre le sida prend une connotation toute particulière, le pays étant toujours plongé dans une grave crise humanitaire. La pénurie de traitements antirétroviraux a entraîné la mort de nombreux malades et la migration de nombreux autres, obligés de partir pour se soigner.
Richard Martinez vit chaque mois dans la crainte de ne pas recevoir son traitement antiviral. Il est séropositif depuis près de trente ans, mais depuis quelques années, la pénurie de médicaments au Venezuela a contribué à fragiliser davantage sa santé.
"Depuis 2016, donc trois ans, les ruptures de stock n'ont jamais été aussi importantes", explique-t-il. "C'est beaucoup plus fréquent. Je dirais que cela fait trois ans que la situation est devenue complètement angoissante et chaotique."
Peur de représailles
Au Venezuela, 120 000 personnes, soit 0,6 % de la population, vivraient avec le virus du sida, selon Mario Comegna, médecin spécialiste du VIH. Il n'existe toutefois pas de données officielles permettant de montrer le lien entre le manque de politiques publiques et la hausse de la mortalité de ces patients.
"C'est difficile d'avoir des chiffres sur la mortalité parce que, encore aujourd'hui, il y a de la discrimination", explique-t-il. "Sur les comptes-rendus des patients, il n'est pas indiqué le lien entre le décès et le VIH ou le sida. Mais même s'il y a peu de données, il est clair que les pénuries de médicaments ont fait augmenter la mortalité."
De son côté, Richard Martinez espère que la situation va s'améliorer cette année, après que l'Organisation panaméricaine de la santé et l'ONU ont fourni le gouvernement vénézuélien en médicaments.
Il existerait toutefois des retards de livraison, mais la plupart des patients vénézuéliens n'osent pas se plaindre par peur de représailles.
"Pendant les manifestations, on doit être quatre", raconte Richard Martinez. "Il n'y a personne parce que l'État n'assure pas notre sécurité. Les gens ont peur de sortir manifester, c'est pour ça aussi que nous sommes en train de mourir, parce qu'on accorde plus d'importance à notre image qu'à notre santé."
Plus de 10 000 malades du sida ont quitté le pays pour chercher un traitement. Richard, lui, ne prévoit pas d'émigrer. Il va continuer la lutte pour obtenir ses médicaments, même s'il doit quotidiennement faire face à une discrimination latente à l'égard des malades du VIH.