Le Premier ministre français table désormais sur une croissance de -2,25 % en 2009, contre -3 % auparavant, et de +0,75 % en 2010, contre +0,5 %. Selon lui, la hausse du chômage ne devrait pas, en revanche, être endiguée à court terme.
REUTERS - Confirmant la perspective d'une reprise en pointillés, le gouvernement français a revu à la hausse ses prévisions de croissance pour 2009 et 2010, à respectivement -2,25% et +0,75%.
Le Premier ministre, François Fillon, en a fait l'annonce jeudi en expliquant se fonder sur l'ébauche d'un redémarrage économique "fragile" et sur le rebond inattendu d'activité de0,3% enregistré au deuxième trimestre.
On souligne toutefois dans son entourage que la hausse du chômage ne sera pas endiguée à court terme. "On peut raisonnablement penser qu'on va faire plus que 0,5% en 2010, mais ce n'est pas encore une croissance créatrice d'emplois", reconnaît-on.
La France estime désormais à -2,25% le recul d'activité en 2009 - au lieu d'une prévision initiale de 3% - et à +0,75% la prévision de croissance pour 2010 après avoir tablé sur +0,5%.
"La crise n'est pas finie - je considère que la crise ne sera terminée que le jour où le chômage recommencera à baisser -, mais nous avons un paysage qui évolue positivement, une reprise qui se dessine, elle est fragile, mais je crois qu'elle est en germe", a dit François Fillon à l'occasion de la remise du Prix de l'audace créatrice, qui récompense chaque année une entreprise "performante"
Le chef du gouvernement a souhaité que les PME, particulièrement frappées par la crise, soient les fers de lance de la reprise et a insisté sur le renforcement des moyens à leur disposition pour "passer à l'offensive".
Il a notamment mis l'accent sur l'accès au crédit en rappelant de nouveau à l'ordre les banques.
"La tendance à la diminution des crédits de trésorerie doit être inversée (...). Il ne faut pas que les banques, après avoir péché par excès d'optimisme, pèchent maintenant par excès de prudence", a-t-il dit.
Rassurer sur la taxe professionnelle
Il a demandé à la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, "d'être particulièrement vigilante sur une répercussion pleine et rapide pour les entreprises de la baisse des taux de la BCE". Le principal taux directeur de la Banque centrale européenne se situe à 1% depuis mai.
Pour conforter la trésorerie des entreprises, François Fillon a confirmé la prolongation sur 2010 des produits d'Oséo - dispositif de soutien aux PME - créés par le plan de relance, ainsi que la garantie des crédits bancaires de court terme.
Le Premier ministre a exhorté en outre les assureurs à "investir de nouveaux flux en capital risque" dans les PME.
Il a souhaité que le Fonds stratégique d'investissement (FSI) puisse intervenir au capital des PME, quelle que soit leur taille, avec le renfort de dotations supplémentaires.
Quant à la réforme de la taxe professionnelle, prévue en 2010, François Fillon a de nouveau assuré qu'elle serait assortie de "mécanismes d'écrêtement" sur cinq ans et d'abattement pour faire en sorte "qu'il n'y ait pas de contre-effets" et qu'aucune PME ne soit perdante.
Pour garanties, le chef du gouvernement a précisé que l'abaissement de 3,5% à 3% du plafonnement de l'impôt local en fonction de la valeur ajoutée prémunirait les PME contre "toute hausse excessive des charges fiscales".
Cette mesure sera complétée d'un second plafonnement qui tient compte de la part de la valeur ajoutée dans le chiffre d'affaires. Une disposition bénéficiant aux entreprises de main d'oeuvre comme l'intérim ou le conseil et aux PME très capitalistiques.
La présidente du Medef, Laurence Parisot, s'est félicitée de ces engagements tout en laissant percer son scepticisme sur lesnouvelles prévisions de croissance du gouvernement.
"Nous avons encore beaucoup de travail pour éviter des catastrophes en chaîne sur les PME comme je le crains d'ici à la fin de l'année", a-t-elle dit à des journalistes. "Nous sommes toujours dans une économie négative".
"Il faut qu'il y ait zéro perdant dans la réforme de la TP", a-t-elle souligné.