Le vice-président des États-Unis, Mike Pence, s'est rendu samedi pour la première fois en Irak, où il a rendu visite aux troupes américaines et rencontré les dirigeants kurdes, mais pas les autorités de Bagdad.
Première visite en Irak pour Mike Pence. Le vice-président des États-Unis a effectué une visite surprise, samedi 23 novembre, sur la base militaire d'Aïn al-Assad (ouest) où il a rencontré des soldats américains avec lesquels il a célébré la fête de Thanksgiving. Il s'est ensuite rendu à Erbil (nord) où il s'est entretenu avec le président du Kurdistan irakien.
Aucun programme n'a été communiqué en amont de la visite de Mike Pence en Irak, en proie depuis près de deux mois à sa plus grave crise sociale depuis la chute en 2003 du dictateur Saddam Hussein dans la foulée de l'invasion américaine.
S'il s'est entretenu par téléphone en début d'après-midi avec le Premier ministre irakien, Adel Abdel Mahdi, Mike Pence n'a cependant rencontré aucun dirigeant irakien.
Fin décembre 2018, le président Donald Trump avait déjà suscité la polémique en se rendant uniquement sur cette base militaire, située dans l'ouest désertique de l'Irak, sans rencontrer aucun officiel à Bagdad.
"Aux côtés des alliés kurdes"
À Erbil, capitale du Kurdistan irakien, Mike Pence a assuré le président de la région autonome Netchirvan Barzani et son Premier ministre Masrour Barzani de sa "gratitude" et de sa "détermination à continuer à se tenir aux côtés des alliés kurdes", a affirmé un responsable américain.
I’m honored to welcome the Vice President of the United States and my friend @VP to Erbil. His timely visit underlines our strong friendship and strategic partnership. I reiterated my appreciation for the U.S. support to the Kurdistan Region during challenging times. pic.twitter.com/jllBfiDpBE
— Nechirvan Barzani (@IKRPresident) November 23, 2019De l'autre côté de la frontière, les Kurdes de Syrie estiment, eux, que les États-Unis, leurs alliés dans la lutte antijihadiste, les ont abandonnés. En octobre dernier, le retrait militaire américain de leur région du nord de la Syrie avait ouvert la voie à une offensive militaire turque contre eux.
À Bagdad, les autorités fédérales ont, elles, dû se contenter d'un appel téléphonique, Mike Pence ne pouvant pas rejoindre la capitale irakienne "pour des raisons de sécurité", selon un autre responsable américain.
Le vice-président des États-Unis a ainsi appelé le Premier ministre irakien depuis la base militaire d'Aïn al-Assad, l'exhortant à "se dissocier de l'Iran".
En effet, Washington juge Adel Abdel Mahdi, au pouvoir depuis treize mois, "trop proche" de l'Iran. le Premier ministre irakien n'a d'ailleurs toujours pas pu se rendre aux États-Unis, sa visite, annoncée depuis des mois, ne cessant d'être repoussée.
La visite surprise de Mike Pence en Irak survient en plein mouvement de contestation. Samedi, un nouveau manifestant a perdu la vie, touché mortellement par une balle en caoutchouc des forces de l'ordre près de la place Tahrir, épicentre de la contestation à Bagdad.
Système politique créé par l'occupant américain
En Irak, plus de 340 personnes – en grande majorité des manifestants – ont été tués dans des violences depuis le 1er octobre.
Les protestataires réclament la refonte du système politique. Un système créé par l'occupant américain en 2003 et désormais investi par l'autre grande puissance agissante dans le pays, l'Iran. Les manifestants demandent également un renouvellement total de leur classe dirigeante, qu'ils jugent corrompue et incompétente.
Or, depuis le début de ce mouvement, les États-Unis sont aux abonnés absents. Un silence qui, selon les analystes, révèle le déclin de la première puissance économique mondiale en Irak, voire du désintérêt de Washington pour le deuxième producteur de pétrole de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).
Les Américains maintiennent toutefois, encore aujourd'hui, une forme d'engagement en Irak en dirigeant la coalition internationale qui appuie les troupes irakiennes qui luttent contre les cellules jihadistes persistantes du groupe État islamique.
Avec AFP