
Les Colombiens sont dans la rue, jeudi, pour manifester leur rejet de la politique du gouvernement d'Ivan Duque. La veille, le président de la Colombie a estimé que certaines des revendications étaient "recevables".
Quinze mois après l'investiture d'Ivan Duque, les Colombiens sont dans la rue, jeudi—21—novembre, pour manifester contre la politique du gouvernement. La popularité du chef d'État colombien est au plus bas.
Le mouvement est organisé à l'appel de syndicats de travailleurs et d'organisations étudiantes, indigènes, de défense de l'environnement ainsi que de l'opposition contre les politiques économiques, sociales et sécuritaires du chef de l'Etat conservateur.
"C'est une accumulation de situations que nous espérons voir révisées après cette journée, y compris par un grand dialogue national de concertation", a déclaré à l'AFP Roberto Gomez, président de la Confédération générale du travail.
Cette journée intervient dans un climat agité en Amérique latine, suite aux crises socio-politiques, sans dénominateur commun, agitant l'Équateur, puis le Chili et la Bolivie.
Bogotá ya marcha! pic.twitter.com/7iwBN5TIEb
— Alirio Uribe Muñoz (@AlirioUribeMuoz) November 21, 2019À Bogota, la circulation automobile était inhabituellement fluide en début de matinée et les autorités faisaient état d'une certaine "tranquillité", en dépit de blocages affectant les transports urbains et des avenues.
Des militaires ont été déployés dans la capitale à la demande de la municipalité, pour protéger des "installations stratégiques", ainsi que dans d'autres villes du pays.
Cela a suscité la "préoccupation" du bureau colombien de la Haute commissaire des Nations unies pour les droits humains. "Les États doivent limiter et conditionner au maximum l'usage des forces militaires pour le contrôle de troubles internes", a-t-il indiqué dans un communiqué.
La mobilisation a été convoquée le mois dernier par les syndicats, rejoints depuis par d'autres secteurs, dans une ambiance de mécontentement croissant envers le gouvernement d'Ivan Duque, qui n'a pu en outre consolider de majorité au parlement et dont le parti, le Centre démocratique (CD), a subi de sérieux revers lors des élections locales d'octobre.
"Nous reconnaissons la valeur de la protestation pacifique"
Le président a admis, dans une allocution télévisée mercredi, la légitimité de certaines revendications, tout en déplorant une campagne contre son gouvernement basée sur des "mensonges" et cherchant à susciter des violences.
"Nous reconnaissons la valeur de la protestation pacifique, mais garantissons aussi l'ordre", a-t-il déclaré.
Hoy hablaron los colombianos y los estamos escuchando. El diálogo ha sido la principal bandera de este Gobierno, el cual debemos profundizar con todos los sectores y acelerar la agenda social y de lucha contra la corrupción. pic.twitter.com/OzvukhThnk
— Iván Duque (@IvanDuque) November 22, 2019La grève vise à dénoncer des intentions gouvernementales de flexibiliser le marché du travail, affaiblir le fonds public des retraites en faveur d'entités privées, et augmenter l'âge de la retraite.
Les étudiants réclament des moyens pour l'enseignement public, et les indigènes des mesures de protection suite à l'assassinat de—134 d'entre eux depuis l'arrivée d'Ivan Duque au pouvoir, en août—2018.
Des artistes et des associations soutiennent le mouvement, ainsi que des secteurs de l'opposition, dont la Force alternative révolutionnaire commune (Farc), parti créé par l'ex-guérilla marxiste, qui dénonce l'assassinat de plus de—170—anciens rebelles depuis l'accord de paix du 24—novembre—2016.
Les autorités ont ordonné jusqu'à vendredi la fermeture des frontières avec le Brésil, l'Équateur, le Pérou et le Venezuela pour éviter que des étrangers "altèrent l'ordre public et la sécurité".
Avec AFP