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Au Sri Lanka, Gotabaya Rajapaksa prête serment

Le nouveau président du Sri Lanka Gotabaya Rajapaksa a prêté serment lundi. Élu à l'issu d'un scrutin très polarisé, "Gota" est connu pour avoir mis fin à la guerre contre les séparatistes tamouls, au prix d'un vaste bain de sang.

Le nouveau président du Sri Lanka Gotabaya Rajapaksa a prêté serment, le 18 novembre, dans un temple bouddhiste, dans le nord du pays. Âgé de 70 ans, le frère de l'ex-président Mahinda Rajapaksa (2005-2015) a été élu le 16 novembre lors d'un scrutin qui a vu les électeurs sri-lankais divisés comme rarement, selon des lignes ethniques et religieuses.

Le nouveau chef de l'État a fait le plein de voix de la majorité cinghalaise de l'île, où les Rajapaksa jouissent d'une grande popularité pour avoir mis fin en 2009 à quatre décennies de guerre civile avec la rébellion séparatiste tamoule. Les minorités tamoules et musulmanes ont elles soutenu massivement son principal adversaire, Sajith Premadasa, arrivé deuxième avec près de 42 % des bulletins.

Surnommé "Terminator", Gotabaya Rajapaksa, a fait campagne sur son image d'homme fort. Il a joué la carte de la sécurité à la suite des attentats jihadistes de Pâques qui ont fait 269 morts. Des kamikazes d'un groupe extrémiste local s'étaient fait exploser dans des hôtels de luxe et des églises chrétiennes en pleine messe. "Protéger la sécurité nationale est la principale responsabilité de mon gouvernement", a indiqué le chef de l'Etat lors de son allocution lundi matin.

Stratège de l’écrasement militaire des Tamouls

Lors de la cérémonie de prestation de serment, Gotabaya Rajapaksa a appelé les communautés n'ayant pas voté pour lui à "[…] rejoindre pour construire un Sri Lanka uni". "Je savais que je pouvais gagner rien qu'avec les voix de la majorité cinghalaise. Mais j'ai demandé aux tamouls et musulmans de participer à mon succès. Leur réponse n'a pas été celle que j'attendais", a-t-il déclaré lors d'un discours.

L'ancien lieutenant-colonel a choisi pour son intronisation lundi matin un lieu symbolique. Il a prêté serment devant le temple bouddhiste Ruwanweliseya de la ville d'Anuradhapura, au nord de la capitale Colombo. Plus grand stupa du Sri Lanka, ce monument politico-religieux aurait été construit par le roi Dutugemunu, vénéré par la majorité cinghalo-bouddhiste du pays pour avoir vaincu un roi tamoul indien venu envahir l'île.

En 2009, alors qu’il était ministre de la Défense, "Gota" commandait les armées sri-lankaises au moment de l'écrasement de la rébellion séparatiste tamoule en 2009. Quelque 40 000 civils tamouls ont péri au cours de cette ultime offensive, selon les défenseurs des droits humains qui accusent les Rajapaksa de crimes de guerre. Il est aussi accusé d'avoir dirigé des "escadrons de la mort" qui ont enlevé à bord de camionnettes blanches des dizaines de Tamouls, d'opposants politiques ou de journalistes. Certains des corps ont été ensuite jetés sur la route, d'autres n'ont jamais été retrouvés.

Avec AFP