Le président chilien a annoncé, samedi, préparer un projet de modification de la Constitution, l'une des revendications des manifestants qui protestent depuis trois semaines contre la politique du gouvernement.
"Je crois que des changements de la Constitution sont légitimes et nous allons en discuter", a déclaré samedi 9 novembre, le président du Chili, Sebastian Piñera. "Nous préparons un projet de modification de la Constitution", a-t-il précisé dans une interview publiée par le quotidien El Mercurio.
La modification de la Constitution, promulguée sous la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990), compte parmi les revendications des manifestants, qui protestent depuis trois semaines contre la politique du gouvernement.
"Meilleure définition des droits de la personne"
Quelques jours après l'accession de Piñera à la présidence en mars 2018, son gouvernement avait pourtant annoncé qu'il ne permettrait pas l'examen d'un projet de loi que la présidente précédente, la socialiste Michelle Bachelet, avait soumis au Congrès pour modifier la Constitution.
Le projet y ancrait l'inviolabilité des droits de l'homme, le droit à la santé et à l'éducation, et l'égalité salariale entre hommes et femmes.
Or, après trois semaines de manifestations massives qui ont fait 20 morts, le chef de l'État a précisé que le projet en cours devrait être discuté en même temps que celui de l'ex-présidente et d'autres propositions qui pourraient être faites.
Depuis le début du mouvement de colère sociale, déclenché le 18 octobre par l'augmentation du prix du ticket de métro, les protestataires ont dénoncé les inégalités sociales dans les domaines de l'éducation, de la santé et des retraites. Si bien que des voix ont réclamé aussi une assemblée constituante pour changer la Constitution.
Parmi les modifications envisagées par le président figurent "une meilleure définition des droits de la personne et les modalités pour faire respecter [ces droits].
Selon Sebastian Piñera, les amendements prévus précisent également "les obligations de l'État", et établissent "de meilleurs mécanismes de participation [citoyenne].
Débat au Congrès
Depuis l'ère Pinochet, la Constitution a subi plus de 200 modifications dans plus de 40 articles, a rappelé le président. Les modifications doivent faire l'objet d'un débat au Congrès, seule instance compétente pour les valider.
À l'image des marches, organisées via les réseaux sociaux, des citoyens se sont réunis lors de conseils municipaux pour débattre des dispositifs de la future Constitution. Début décembre, des référendums locaux seront organisés sur le sujet dans la très grande majorité des communes du pays.
Samedi, les marches de protestation, moins nombreuses et plus calmes que la veille, se sont poursuivies dans la capitale.
Dans le quartier de Providencia, la police a repoussé des dizaines de manifestants qui protestaient avec des gaz lacrymogènes.
Selon le ministère de l'Intérieur, 400 personnes ont été arrêtées vendredi, et plus d'une centaine (civils et policiers) ont été blessées, principalement à Providencia et sur la Plaza Italia, où 75 000 personnes s'étaient rassemblées.
Avec AFP