Le ministre français de l'Immigration a présenté une "carte de résident pour contribution économique exceptionnelle" qui permet aux étrangers souhaitant investir en France de bénéficier de procédures de régularisation accélérées.
C’est le ministre de l’Immigration qui annonce la mesure, mais le ministre de l’Économie aurait pu s’en charger. Ce mardi, Éric Besson a présenté "une carte de résident pour contribution économique exceptionnelle" qui sera désormais délivrée aux étrangers souhaitant créer des emplois ou investir en France. Elle leur permettra de rester pendant 10 ans sur le territoire.
Les candidats à l'obtention de cette carte "gold", comme s'est amusé à la surnommer Éric Besson, devront créer, sauvegarder ou s’engager à créer 50 emplois en France, ou bien investir - ou s’engager à investir - 10 millions d’euros dans le pays, seul ou via une société dont ils détiendront au moins 30 % du capital.
"C'est vrai, c'est un peu élitiste", a reconnu le ministre. La définition de ces critères ne doit pourtant rien au hasard : avec cette mesure, le gouvernement français cherche à attirer les "talents" étrangers, qui préfèrent actuellement s'expatrier au Japon ou aux États-Unis plutôt qu'en France pour réaliser leurs projets. "Si l’on regarde les entreprises américaines, un quart d’entres elles ont été créées par des étrangers. Dans la Silicon Valley, on passe même à 52 %", fait ainsi remarquer Éric Besson.
"Dans la guerre économique mondiale, il faut donc non seulement recruter des fantassins [...] mais attirer aussi les meilleurs capitaines", a ajouté l’ancien socialiste, se défendant au passage d'avoir une conception utilitariste de l’immigration.
Une carte inutile ?
Pour illustrer son propos, celui-ci a donné la parole à huit entrepreneurs étrangers. Tour à tour, ils ont raconté comment ils avaient surmonté les lourdeurs administratives - aggravées par leurs problèmes de titre de séjour - pour finalement monter leur entreprise.
Auraient-ils mieux réussi ou plus rapidement avec cette nouvelle carte ? L’histoire ne le dit pas. En effet, aucun d’entre eux n’a investit 10 millions d’euros sur le sol français et aucune de leur société ne compte 50 employés.
Certains sont en tout cas loin d'être convaincus par les propositions du ministre de l’Immigration. "Quand on est dirigeant d’entreprise et que l'on dispose d’une certaine surface financière, on n’a pas besoin de présenter son titre de séjour lors des démarches nécessaires pour créer sa société", relève Abdel Koussa, originaire d'Algérie et fondateur de la société d’électronique et de télécommunications B&K Technologies.
Un investissement minimum de dix millions d’euros pour pouvoir obtenir la carte "gold" ne choque pas Éric Besson, qui espère en délivrer 200 en 2010. "Il s'agit de la moyenne des investissements fait en France par 700 étrangers l’année dernière. Si, dans quelques mois ou dans quelques années, il faut adapter ce montant, on l'adaptera", affirme-t-il, pragmatique.