Transformées en affrontements ethniques, les manifestations organisées pour protester contre le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, ont fait au moins 60 morts.
De la manifestation à l'affrontement ethnique. Plus de 60 personnes ont été tuées dans le mouvement de contestation visant le Premier ministre, Abiy Ahmed, dans l'État d'Oromia, en Éthiopie, a annoncé la police, vendredi 25 octobre.
"Le nombre total des morts en Oromia est de 67", a déclaré Kefyalew Tefera, chef de la police régionale, dans la soirée de vendredi. Environ 55 personnes sont mortes au cours du conflit qui les a opposées, et les 12 autres ont été tuées par les forces de sécurité, a-t-il précisé.
Cinq policiers figurent parmi les personnes décédées, a précisé le haut commissaire de la police régionale lors d'un entretien téléphonique. Treize manifestants ont été tués par balle et les autres sont morts des suites de blessures causées par des pierres, a-t-il indiqué.
Les affrontements ont entraîné le controversé Jawar Mohammed, opposant d'Abiy Ahmed, à accuser le Premier ministre, récemment désigné prix Nobel de la paix, à se comporter en "dictateur".
"Tués à coups de bâton, de machette"
Les violences ont éclaté mercredi 23 octobre dans la capitale, Addis Abeba, avant de se répandre dans la région d'Oromia, lorsque les partisans de Jawar Mohammed sont descendus dans la rue, dressant des barricades et brûlant des pneus.
"Certains ont été tués à coups de bâton, de machette, des maisons ont été incendiées. Des armes à feu ont été utilisées", a déclaré à l'AFP Fisseha Tekle, chercheur d'Amnesty International.
Fondateur du média d'opposition Oromia Media Network (OMN), Jawar Mohammed est un ancien allié d'Abiy Ahmed. S'ils appartiennent tous les deux à la communauté oromo - groupe ethnique majoritaire en Éthiopie - leurs relations se sont déteriorées récemment, Jawar Mohammed ayant critiqué publiquement plusieurs réformes du Premier ministre.
Selon ce dernier, Abiy Ahmed aurait eu recours aux "signes précurseurs de l'instauration d'une dictature". "Il a tenté d'intimider les gens, y compris les alliés qui lui ont permis de prendre le pouvoir mais qui sont en désaccord avec certaines de ses prises de position", a-t-il déclaré à l'AFP.
De son côté, Jawar Mohammed, qui a 1,7 million d'abonnés sur Facebook, est accusé par ses détracteurs d'inciter à la haine ethnique dans le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique, avec 110 millions d'habitants.
Cette rupture entre les deux hommes illustre les divisions au sein de l'ethnie oromo, qui pourraient affaiblir le soutien à Abiy Ahmed à l'approche des élections générales, prévues en mai prochain.
Avec AFP