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Présidentielle en Bolivie : l'opposition appelle à bloquer le pays pour dénoncer les résultats

En Bolivie, l'opposition a lancé mardi un appel à la grève illimitée après un revirement dans les résultats partiels de la présidentielle donnant Evo Morales vainqueur au premier tour. Le gouvernement a proposé un audit du décompte.

Après de violents incidents dans la nuit, la Bolivie a vécu, mardi 22 octobre, une nouvelle journée de tension, exacerbée par les derniers résultats électoraux qui donnent le président sortant Evo Morales vainqueur au premier tour, dans un revirement inexpliqué dénoncé par son opposant et les observateurs. Les résultats officiels n'ont toujours pas été proclamés.

Un appel à la grève illimitée a été lancé par Fernando Camacho, le président de l'influent Comité pro-Santa Cruz. Cette organisation de la société civile, fondée en 1950, regroupe des représentants des quartiers, des commerces, des transports et des chefs d'entreprises de la plus grande ville de Bolivie.

"Nous appelons à la grève jusqu'à nouvel ordre", a dit Luis Fernando Camacho, le président de l'influent Comité Pro-Santa Cruz, une organisation de la société civile établie à Santa Cruz, capitale économique du pays et bastion de l'opposition. Ce mouvement doit commencer mercredi à minuit heure locale (4 h GMT), a-t-il précisé, après une réunion avec des organisations d'autres régions.

Audit réclamé

Le gouvernement bolivien a demandé de son côté mardi à l'Organisation des Etats américains (OEA) d'envoyer "au plus vite" une mission technique à La Paz pour vérifier "un à un" les procès-verbaux de l'élection présidentielle de dimanche, a annoncé le ministre des Affaires étrangères Diego Pary.

La Bolivie "demande que soit établie, au plus vite, une commission pour mener un audit de tout le processus de décompte officiel des votes des élections du 20 octobre", a déclaré le ministre en conférence de presse. Les observateurs de l'OEA avaient exprimé lundi leur "inquiétude" face à ce revirement inexpliqué.

Lundi soir, de longues files s'étaient formées aux stations-service en prévision d'un long conflit social, tandis que de violents incidents éclataient à travers la Bolivie.

Des incidents dans plusieurs villes boliviennes

À Sucre, la capitale constitutionnelle, située dans le Sud-Est, et à Potosi, dans le Sud-Ouest, une foule a mis le feu au tribunal électoral départemental. Des affrontements avec la police se sont produits à La Paz et le local de campagne du parti au pouvoir a été saccagé à Oruro, ont rapporté La Razon, Los Tiempos et l'AFP. "Fraude !", "fraude !", "fraude !", pouvait-on notamment entendre dans certaines des vidéos mises en ligne.

Des incidents ont également été signalés dans d’autres villes, comme à Tarija (sud), à Cochabamba (centre), et à Cobija (nord), où la police a dispersé les manifestants.

Une conséquence des résultats électoraux

Ces manifestations sont survenues après que les autorités électorales, sans aucune explication, eurent repris lundi soir le comptage des bulletins interrompu la veille.

Deux systèmes de dépouillement coexistent en Bolivie. D'un côté le "TREP", pour Transmission des résultats électoraux préliminaires, à travers lequel les procès-verbaux sont photographiés et transmis au TSE via une application pour diffuser des résultats partiels dès le soir du scrutin. De l'autre, le "comptage officiel" : les procès-verbaux sont remis par les bureaux de vote aux tribunaux électoraux départementaux qui effectuent le dépouillement définitif.

Mardi à 15 h (19 h GMT), le "comptage officiel" approchait les 87 % des bulletins définitivement dépouillés, plaçant Evo Morales à 44,22 % et Carlos Mesa à 39,29 %. Il devrait se poursuivre jusqu'au dépouillement de la totalité des bulletins. De son côté, le comptage rapide semblait à nouveau paralysé à 95,63 % des bulletins dépouillés. Toujours sans explications.

Pour s'imposer dès le premier tour, le candidat en tête doit obtenir la majorité absolue ou au moins 40 % des voix avec 10 points de pourcentage d'écart sur le second.

Avec AFP