Conspué depuis plusieurs jours, le gouvernement libanais de Saad Hariri a accepté, dimanche, une batterie de réformes économiques pour calmer la contestation grandissante de la rue.
La rue a été entendue au Liban. Les principaux partis libanais, conspués depuis plusieurs jours dans les rues du pays, ont accepté, dimanche 20 octobre, une série de réformes proposées par le Premier ministre Saad Hariri, selon une source gouvernementale.
Face à la pression de la rue, le chef du gouvernement avait donné vendredi trois jours à son gouvernement pour avaliser ces réformes jusque-là bloquées par les divisions politiques, un ultimatum qui expire lundi en début de soirée.
Les principaux dirigeants politiques ont répondu à cet ultimatum, acceptant notamment de ne plus imposer de nouveaux impôts et un programme de privatisations, a indiqué à l'AFP un responsable du gouvernement sous couvert de l'anonymat.
Réduction des salaires des responsables
Selon notre correspondante sur place, Zeina Antonios, cette feuille de route comprend notamment une réduction de 50% des salaires des responsables officiels, actuels et anciens, une réforme des retraites, un plan de lutte contre la corruption et une refonte du secteur de l'électricité.
Autre mesure, la Banque centrale du Liban et les banques privées devront
parallèlement contribuer à hauteur de 3,3 milliards de dollars
au budget de l'État pour se rapprocher de l'objectif "quasi zéro
déficit" en 2020.
Saad Hariri "a envoyé son plan à toutes les parties concernées et a reçu leur accord", a indiqué ce responsable, citant notamment les deux grandes formations ayant la majorité au gouvernement, le Mouvement patriotique libre (MPL) et le Hezbollah. Un conseil des ministres devrait donner lundi matin son approbation formelle, en présence du président Michel Aoun.
Une mobilisation qui gagne en ampleur
Les dernières manifestations ont été déclenchées par l'annonce inopinée jeudi d'une nouvelle taxe sur les appels effectués via les applications de messagerie Internet comme WhatsApp. Le discours télévisé du lendemain de Saad Hariri a été largement interprété par les manifestants comme une tentative de sauver in extremis la classe politique huée dans la rue pour sa corruption et son incapacité à conduire des réformes dans un pays aux infrastructures déliquescentes.
Pour le 4e jour consécutif, les Libanais sont descendus, dimanche, dans tout le pays pour réclamer le départ de l'ensemble de la classe politique. La mobilisation a encore gagné en ampleur pour atteindre plusieurs centaines de milliers de personnes.
Départ du parti des forces libanaises
Première conséquence politique de ce mouvement de contestation : le chef du Parti des forces libanaises (chrétien), Samir Geagea, a annoncé, samedi 19 octobre, le départ de son mouvement du gouvernement. "Nous sommes maintenant convaincus que le gouvernement est incapable de prendre les mesures nécessaires pour sauver la situation. En conséquence, (notre) bloc a décidé de demander à ses ministres de démissionner", a-t-il déclaré.
L'annonce de Samir Geagea a été accueillie dans la liesse par des manifestants à Beyrouth, qui ont appelé d'autres partis à démissionner du gouvernement. À Tripoli, deuxième ville du pays, certains ont lancé des feux d'artifice.
Le Liban subit une crise économique sans précédent, alors que la dette du pays culmine à plus de 86 milliards de dollars, soit 150 % du PIB.
Avec AFP et Reuters