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Mouvement social à la SNCF : le trafic encore très perturbé au premier jour de vacances scolaires

La circulation des TER restait toujours très perturbée, samedi. La direction de la SNCF, épaulée par Édouard Philippe, dénonce une grève "sauvage" des agents, qui font eux valoir leur droit de retrait.

Le trafic SNCF devait rester très perturbé, samedi 19 octobre, au premier jour des vacances scolaires, en l'absence d'un compromis entre la direction et les syndicats pouvant inciter les agents à lever leur droit de retrait, exercé après un accident survenu mercredi.

Dans la matinée, la SNCF a précisé que le trafic restait "très perturbé" sur les TER, avec une situation "sensiblement identique à celle d'hier", soit un train sur deux en moyenne, mais des disparités importantes selon les régions. Sur le réseau Transilien, le service devait être très perturbé sur les lignes B et D avec rupture d'interconnexion, ainsi que les lignes H et R, mais normal sur les autres.

Le service est également "très perturbé" sur les Intercités. Quant au trafic TGV, il est prévu normal sur les axes Est et Nord, mais avec 9 trains sur 10 sur l'axe Atlantique et l'axe Sud-Est. Aucun train low-cost Ouigo ne circulera dans la journée. La SNCF précise que les échanges et remboursements sont possibles sans frais pour les billets TGV, Ouigo et Intercités.

Un "détournement du droit de retrait"

Le Premier ministre Édouard Philippe a dénoncé samedi un "détournement du droit de retrait" et une "grève sauvage" à l'impact "inacceptable" sur le trafic de la SNCF, demandant à la direction d'examiner toutes les suites, "y compris judiciaires".

"Nous sommes aujourd'hui au premier jour des vacances de la Toussaint, c'est trois millions de Français qui doivent, un jour comme celui-ci, prendre le train. Or ils sont pour un très grand nombre d'entre eux largement empêchés", a affirmé le Premier ministre à la mi-journée dans les locaux de la gare de l'Est.

Plus tôt dans la matinée, le patron de la SNCF Guillaume Pepy a jugé "pas admissible" le mouvement qu'il a qualifié de "grève surprise". Une analyse que contestent les syndicats : "Le bras de fer s'est engagé sur le volet juridique. Nous considérons que c'est un droit de retrait car le danger n'est pas écarté", a expliqué samedi à l'AFP Didier Mathis, secrétaire général de l'Unsa ferroviaire, deuxième syndicat du groupe.

Onze blessés dans un accident

Cet arrêt de travail fait suite à un accident survenu mercredi soir : un TER reliant Charleville-Mézières à Reims a percuté un convoi routier exceptionnel coincé sur un passage à niveau à Saint-Pierre-sur-Vence, dans les Ardennes. La préfecture des Ardennes indique qu'il y a eu "onze blessés", dont certains ont été hospitalisés.

Des agents de conduite et contrôleurs ont fait valoir leur droit de retrait dès jeudi et plus encore vendredi matin, à la prise de service. Le conducteur, blessé et choqué, "a dû porter secours aux passagers car c'était le seul agent SNCF à bord !", a déploré dans un communiqué SUD-Rail.

Une réunion s'est tenue entre la direction de la SNCF et l'ensemble des syndicats dans la soirée de vendredi, mais après cinq heures de discussions, les deux parties se sont séparées sans accord et devraient se voir dans le "courant de la semaine prochaine", a indiqué la direction à l'AFP.

Trois propositions de la direction

Lors de la réunion, la direction a fait trois propositions : renforcer le dispositif d'alerte et de sécurité des trains et "passer au crible l'ensemble des mesures de sécurité à appliquer par le conducteur en cas d'accident", "répartir dans le temps les nouvelles procédures de départ des trains qui devaient être appliquées le 15 décembre" et "accélérer très fort le recrutement en 2019, en particulier contribuant à la sécurité des biens et des personnes".

"Ces propositions n'ont pas été saisies par les organisations syndicales", a souligné la direction, à l'issue de la réunion. SUD-Rail, ainsi que la CGT-Cheminots, FO-Cheminots et la Fgaac-CFDT, contestent le mode d'exploitation "équipement agent seul" qui permet de faire circuler des trains sans contrôleur, évoquant des risques de sécurité pour les voyageurs, alors que, selon la direction, "il existe depuis des dizaines d'années".

"Le droit de retrait, c'est un droit des travailleurs pour dire : 'Attention, il se passe quelque chose de grave'", a défendu le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, pour qui "on a évité un drame parce qu'il y a un conducteur consciencieux, attaché au service public ferroviaire, qui a bossé. Mais on ne peut pas continuer comme ça".

Avec AFP