Des milliers de sapeurs-pompiers ont défilé mardi à Paris aux côtés des syndicats du secteur hospitalier. Tous réclament une revalorisation salariale et une prime de risque. La manifestation s'est conclue par des échauffourées avec la police.
Pompiers, urgentistes, même combat. Plusieurs milliers de sapeurs-pompiers professionnels ont défilé à Paris, mardi 15 octobre, depuis la place de la République à celle de la Nation. Ils étaient accompagnés d'infirmiers et d'urgentistes, avec qui ils partagent les même revendications. Le cortège a réuni entre 7 000 et 10 000 personnes, selon les neuf syndicats de la profession.
Tensions et interpellations
Plusieurs dizaines pompiers se sont rassemblés devant l'Assemblée nationale. Ils ont été dispersés en fin de journée par les forces de l'ordre qui ont fait usage de lanceurs d'eau.
Canons à eau et gazs lacrymogènesanons pour disperser les #pompiers réunis devant l'Assemblée nationale. #Paris @franceinfo pic.twitter.com/JthlMXpIy0
Josselin Debraux (@jdebraux) October 15, 2019Après l'arrivée du cortège place de la Nation, la police a également lancé des gaz lacrymogènes et utilisé des lanceurs d'eau pour disperser les manifestants. Trois membres des forces de l'ordre ont été blessés et six manifestants ont été interpellés pour violences ou jets de projectiles, selon la préfecture de police.
Gaz lacrymogènes et canon à eau utilisés contre les pompiers partant en manifestation en dehors du parcours. Tensions en cours. pic.twitter.com/5sRfYBlCz9
Remy Buisine (@RemyBuisine) October 15, 2019"Un malaise palpable"
Toute la journée, les sapeurs-pompiers ont manifesté leur colère pour dénoncer le manque de moyen dans la profession. "Le nombre d'interventions a doublé ces vingt dernières années sans que les moyens ne suivent", rapporte Karina Chabour, envoyée spéciale de France 24 dans le cortège parisien. Ils réclament une prime de risque. "Il y a un malaise palpable en raison d'un manque de reconnaissance de leur métier", poursuit la journaliste.
« On demande pas grand chose : 10% d’augmentation de notre prime de feu car quand on part à la retraite, notre salaire est divisé par deux.
On fait jamais rien pour nous, sauf mettre des médailles et des drapeaux bleu-blanc-rouge sur nos cercueils ! »
Écoutez nos pompiers ! pic.twitter.com/RLzyXMuzAf
La mobilisation poursuit un mouvement de grève entamé en juin pour les mêmes motifs. Très suivi selon les syndicats, il n'a toutefois pas entraîné de perturbations majeures, les pompiers étant astreints à un service minimum. "Ni le gouvernement, ni les collectivités locales finançant les Services départementaux d'incendie et de secours (SDIS) n'ont répondu à nos attentes", a expliqué à l'AFP André Goretti, président du FA/SPP-Pats, premier des neuf syndicats de pompiers professionnels, qui appellent tous à manifester.
Sous-effectifs
Selon ces organisations, la grève a été suivie ces derniers mois dans 90 % des SDIS. Devant l'Assemblée nationale cet été, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner avait, lui, avancé un chiffre de "5 %" de grévistes.
André Goretti décrit un système de secours français "malade" avec des pompiers "en sous-effectifs" face à l'augmentation constante du nombre d'interventions, notamment les missions d'assistance médico-sociale (carences ambulancières, assistance de personnes âgées...) qui ont explosé ces dernières années alors qu'elles ne font au départ pas partie de leur cœur de métier, l'urgence.
Les syndicats réclament au niveau salarial une revalorisation de la prime de feu (28 % du salaire de base, contre 19 % actuellement) à hauteur des primes de risques accordées aux policiers et gendarmes, ainsi qu'une meilleure protection face aux agressions dont le nombre augmente chaque année.
Les pompiers professionnels représentent environ 16 % des 247 000 pompiers français (environ 40 000 personnes).
Avec AFP