À l’appel de l’opposition, des milliers de manifestants sont descendus, vendredi, dans les rues des principales villes d'Haïti. Majoritairement jeunes et issus des quartiers défavorisés, ils réclament la démission du président Jovenel Moïse.
La colère monte en Haïti. Plusieurs milliers de personnes ont manifesté, vendredi 11 octobre, dans les principales villes d'Haïti, sur appel de l'opposition qui réclame, depuis plus d'un mois, la démission du président Jovenel Moïse, une contestation qui paralyse les activités du pays.
Dans la capitale, des milliers d'habitants des quartiers les plus pauvres ont marché en direction de la résidence du chef d'État, en dressant plusieurs barricades sur leur passage.
"La minorité bourgeoise continue de soutenir Jovenel parce qu'elle jouit de l'inégalité crasse de notre société. Nous, on continue à vivre dans la misère mais on dit stop. On ne fait que revendiquer pour une juste cause, pour nos droits de base" a expliqué Wiston Saint Jean, 33 ans, militant d'un des partis politiques d'opposition qui a pris part au cortège de Port-au-Prince.
La mobilisation populaire contre Jovenel Moïse, décrié par les opposants les plus radicaux depuis son arrivée au pouvoir en février 2017, s'est accentuée fin août à la suite d'une pénurie de carburants généralisée à travers le pays.
Majoritairement jeunes et issus des quartiers défavorisés, les manifestants exigent d'autant plus la démission du chef de l'État que des entreprises qu'il dirigeait avant son entrée en politique ont été épinglées par la Cour supérieure des comptes comme étant "au cœur d'un stratagème de détournement de fonds".
Vendredi après-midi, des affrontements violents ont opposé manifestants et policiers quand, après plusieurs kilomètres de parcours sans incident, ces derniers ont empêché la foule de continuer sa progression vers le quartier où se situe le domicile présidentiel.
Rafales à balles réelles
Dispersant les contestataires en faisant un large usage de grenades lacrymogènes, les forces de l'ordre ont également tiré en l'air plusieurs rafales à balles réelles, a pu observer une journaliste de l'AFP.
Les yeux rougis sous les effets du gaz lacrymogène, Makendy Jean-Baptiste assure qu'il va continuer à manifester. "Voyez le sang du journaliste qui a coulé hier, ce sang c'est comme un sérum dans mes veines qui me donne de la force : il faut que le système change", affirme avec conviction le manifestant de 30 ans.
Néhémie Joseph, correspondant de deux radios d'opposition dans la ville de Mirebalais, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Port-au-Prince, a été contraint de se placer dans le coffre de sa voiture avant d'être tué de trois balles par des individus non identifiés.
Très critique du gouvernement en place, Néhémie Joseph dénonçait régulièrement la mauvaise gestion de la crise politique par les autorités locales. Il avait récemment signalé sur les réseaux sociaux avoir été l'objet de menaces.
Il s'agit du deuxième meurtre de journalistes en Haïti depuis le début de l'année.
Avec AFP