Alors que les représailles chinoises au tweet de soutien à Hong Kong publié la semaine passée par le manager des Houston Rockets se multiplient, la NBA a écarté l'idée de présenter ses excuses à la Chine, évoquant la "liberté d'expression".
La réponse ne s'est pas fait attendre. La NBA ne va pas contrôler les propos des joueurs, de ses salariés ou des propriétaires de clubs, ni s'en excuser, a déclaré, mardi 8 octobre, le patron de la ligue nord-américaine de basket-ball après qu'un tweet d'un responsable des Houston Rockets a déclenché l'ire de la Chine.
Ce message posté vendredi dernier par le directeur général de la franchise texane des Houston Rockets, Daryl Morey, exprimait un soutien aux manifestants prodémocratie de la région semi-autonome de Hong Kong, située au sud de la Chine.
Il a été par la suite effacé. "La NBA ne va pas se mettre en situation de réglementer ce que les joueurs, ses salariés et les propriétaires de clubs disent ou ne disent pas sur ces questions", a écrit le patron ("commissioner") de la NBA Adam Silver dans un communiqué.
"Nous ne nous excusons pas pour le fait que Daryl fasse usage de sa liberté d'expression", a insisté peu après M. Silver lors d'une conférence de presse organisée près de Tokyo, en référence au message posté sur Twitter.
Le tweet de M. Morey a fait des dégâts. Pékin a officiellement condamné mardi les propos du responsable des Houston Rockets via le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang. "Il est inconcevable d'avoir des échanges et des coopérations avec des Chinois sans connaître ni comprendre l'opinion publique chinoise", a-t-il indiqué lors d'un point presse régulier.
La télévision publique chinoise a elle annoncé mardi qu'elle allait "suspendre" la diffusion prévue cette semaine de matches d'exhibition de la NBA en Chine, et qu'elle allait ouvrir une "enquête sur toutes [ses] coopérations et tous [ses] échanges avec la NBA".
M. Silver, en tournée au Japon et en Chine pour y promouvoir la NBA, a pris acte de ces effets, mais a estimé que son organisation devrait "vivre avec ces conséquences".
Première réaction de la NBA critiquée
"Nous ne nous y attendions pas, c'est dommage, mais si c'est là l'effet de notre respect de nos propres valeurs, nous considérons qu'il demeure crucial que nous respections ces valeurs", a-t-il ajouté.
"Bien sûr, j'aimerais que les gens associés à la NBA soient sensibles à la culture des autres et je pense que dire cela ne signifie aucunement que nous allons réglementer leurs propos. [...] En tant qu'entité présente au niveau mondial, nous restons toujours sensibles aux mœurs et coutumes locales mais, là encore, cela n'a aucun caractère normatif."
La NBA est sur la défensive après que sa première réaction a été vivement critiquée par tout le spectre du paysage politique américain, lui reprochant de plier face à Pékin. Dans un communiqué, la NBA avait reconnu que le point de vue de M. Morey avait "offensé tant de nos amis et fans en Chine, ce qui est regrettable".
M. Silver a indiqué qu'il espérait toujours se rendre à Shanghaï cette semaine et "rencontrer les responsables concernés pour voir où nous en sommes".
"Nous nous excusons. Nous aimons la Chine. Nous aimons jouer là-bas", avait déclaré lundi la star des Houston Rockets James Harden lors d'une conférence de presse à Tokyo, tentant de jouer l'apaisement.
Derrière ces excuses, il y a des enjeux financiers considérables pour la ligue américaine et ses franchises. En 2017-18, 640 millions de personnes en Chine ont regardé des images de la saison NBA. Par comparaison, la finale de cette saison-là n'a été vue, en moyenne, que par 17,7 millions d'Américains.
Hong Kong traverse depuis quatre mois sa pire crise politique, avec des manifestations quasi quotidiennes pour dénoncer le recul des libertés ainsi que la mainmise grandissante du gouvernement chinois sur sa gestion.
Avec AFP