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Tsvangirai hausse le ton contre Mugabe

Le Premier ministre Morgan Tsvangirai a accusé, dimanche, le président Mugabe de violer leur accord de partage du pouvoir, mis en place il y a un an lors de la formation du gouvernement d'union nationale.

AFP - Le Premier ministre Morgan Tsvangirai a accusé dimanche le président Robert Mugabe de violer leur accord de partage du pouvoir au Zimbabwe, devant des milliers de partisans réunis dans son fief de Bulawayo pour célébrer les 10 ans de son parti MDC.

M. Tsvangirai a accusé la formation présidentielle ZANU-PF de continuer à persécuter ses partisans, malgré les garanties d'indépendance politique contenues dans l'accord commun, entré en vigueur en février avec la création du gouvernement d'union.

"Je ne vais pas en rester là alors que la ZANU-PF continue de violer la loi, persécute nos députés, répand le langage de la haine, envahit nos exploitations agricoles (et) ignore nos traités internationaux", a-t-il dit, se voulant rassurant sur son rôle dans cette équipe gouvernementale.

Créée sous la pression internationale, elle doit sortir le pays de la paralysie politique née de la défaite du régime aux élections de mars 2008.

"Je ne vais pas rester sans bouger et laisser tout cela se passer".

"J'ai tenu mon rôle pour promouvoir la réconciliation dans ce pays. Même après avoir remporté l'élection, j'ai passé un compromis pour le bien du Zimbabwe", a ajouté M. Tsvangirai.

Danseurs aux masques traditionnels recouverts de plumes, chorales et groupes pop ont chauffé les militants du Mouvement pour le changement démocratique (MDC), réunis dans un stade de Bulawayo, la seconde ville du pays.

Ce rassemblement a eu lieu au lendemain d'une visite d'une délégation de haut niveau de l'Union européenne, première à visiter ce pays en sept ans. Elle a rencontré MM. Mugabe et Tsvangirai, ancien syndicaliste et opposant historique.

"La décision de participer au gouvernement n'a pas été facile à prendre", avait reconnu Tsvangirai devant les responsables du MDC samedi soir. "Mais c'est un pas dans la bonne direction".

Le rassemblement de dimanche devait aussi permettre de rendre hommage aux 300 membres que le parti affirme avoir perdus dans des violences politiques contre le régime Mugabe. Tsvangirai a lui-même été victime de quatre tentatives d'assassinat.

Dès sa création, le 11 septembre 1999, le MDC a rassemblé l'opposition à un régime qui a toujours exercé la violence. Son succès aux élections générales de mars 2008, qui lui donne 110 députés sur 220, a choqué le régime confronté à sa première défaite depuis son arrivée au pouvoir à l'indépendance en 1980.

Cette même année, Tsvangirai menait au premier tour de la présidentielle, devant Robert Mugabe, 85 ans aujourd'hui. Mais il avait dû abandonner en invoquant l'acharnement contre ses partisans.

Pour beaucoup de Zimbabwéens, la situation s'est améliorée cette année, depuis l'abandon de la monnaie nationale devenue obsolète à cause de l'hyperinflation et moins de contrôle sur les prix, ce qui a permis le réapprovisionnement des magasins.

"Nous sommes désormais libres. Nous avons du travail, nous avons à manger", témoigne Gladys Sengwayo, 44 ans, venue participer à ce rassemblement.

Le Zimbabwe reste cependant isolé sur le plan international, malgré les efforts du Premier ministre pour renouer des liens avec les Occidentaux qui ont imposé depuis 2002 des sanctions surtout destinées à Mugabe et à son entourage.

Un membre de délégation de l'UE a indiqué dimanche soir à Johannesburg, ville de l'Afrique du sud voisine, qu'elle aura donné un total de 90 millions d'euros d'aide au Zimbabwe en 2009, tout en maintenant ses sanctions, et qu'elle avait contribué pour 7,5 millions d'euros à un programme d'éducation et que d'autres aides étaient envisagées et possibles.

"S'il y a une réponse positive, nous pourrons faire davantage. Nous sommes en train actuellement d'oeuvrer au sein de la Commission européenne sur un programme d'ensemble et nous espérons le finaliser d'ici la fin du mois", a indiqué le commissaire au développement de l'UE, Karel de Gucht, lors d'un point de presse.

"Mais cela dépend beaucoup des Zimbabwéens. Plus ils nous donnerons la possibilité d'aider, plus nous aiderons, mais les conditions posées doivent être remplies", a-t-il ajouté, se référant notamment à une véritable démocratisation et à un respect des droits de l'Homme par le camp du président Mugabe.