Plus de 20 personnes sont mortes en Irak depuis le début des manifestations contre le gouvernement d'Adel Abdel-Mahdi, mardi. Le couvre-feu instauré à Bagdad et dans plusieurs villes du Sud n'a pas empêché une nouvelle mobilisation jeudi.
La mobilisation se poursuit en Irak, tout comme les affrontements entre manifestants et forces de l'ordre, jeudi 3 octobre. Au moins 27 personnes, selon un bilan dressé par l'agence Reuters, ont été tuées depuis le début de cette vague de contestation sans précédent contre le gouvernement d'Adel Abdel Mahdi, mardi.
Dans la capitale Bagdad, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants qui ont bravé le couvre-feu instauré plus tôt jeudi. Sur l'emblématique place Tahrir de la capitale, dès jeudi matin, les policiers anti-émeutes ont de nouveau tiré en l'air à balles réelles pour disperser des dizaines de manifestants qui incendiaient des pneus. Un manifestant a affirmé à l'AFP y avoir dormi "pour que les policiers ne reprennent pas la place", avant d'être repoussé dans une charge policière vers les rues adjacentes.
Des échanges de coup de feu ont également eu lieu dans des villes du sud du pays, dont Najaf et Nassiriya, où des protestataires continuent de bloquer de nombreux axes routiers ou incendient des pneus devant des bâtiments officiel.
Couvre-feu
Bagdad s'était réveillée jeudi sous haute tension : un couvre-feu interdit tout mouvement de véhicule ou de personne, la journée a été déclarée chômée pour les fonctionnaires et le turbulent leader chiite Moqtada Sadr a appelé ses très nombreux partisans à rejoindre les manifestants pour des "sit-in pacifiques". La zone verte, où siègent les institutions nationales et l'ambassade américaine, a de nouveau été fermée en soirée mercredi.
Le gouvernement a répondu aux manifestants, qui protestaient contre la corruption du pouvoir, le chômage et la déliquescence des services publics, en imposant un couvre-feu à quatre villes du sud du pays : la capitale Bagdad, Nassiriya, Amara et Hilla. Les voyageurs en partance ou à destination de Bagdad, les employés du gouvernement ainsi que les services de secours sont exemptés, a précisé le Premier ministre dans un communiqué. Le pays a également été privé d’Internet, a indiqué l’ONG NetBlocks, qui répertorie les coupures d'Internet. Les réseaux sociaux tels que Facebook, Twitter et Instagram ne fonctionnaient plus mercredi, sauf au Kurdistan irakien, qui a ses propres infrastructures Internet.
Cette nouvelle journée de mobilisation devait être un véritable test pour le gouvernement d'Adel Abdel-Mahdi, qui doit souffler sa première bougie à la fin du mois. Les manifestations contre le pouvoir ne sont pas rares en Irak mais depuis l'arrivée du gouvernement d'Abdel Abdoul Mahdi le 25 octobre 2018, aucun rassemblement d'apparence spontané n'avait connu une telle ampleur.
La mobilisation rassemble toutes sortes de déçus du gouvernement, des diplômés chômeurs aux détracteurs de la corruption. Aucune organisation, politique ou religieuse, ne s'est déclarée à l'origine des appels à manifester en ligne.
Avec AFP et Reuters