Alors que plusieurs plaintes ont été déposées après le spectaculaire incendie de l’usine chimique Lubrizol de Rouen, le parquet a élargi l’enquête judiciaire au chef de mise en danger d'autrui.
Samedi 28 septembre, deux jours après l’incendie qui a ravagé l’usine chimique Lubrizol de Rouen le procureur de la République de la ville Pascal Prache a annoncé que l’enquête judiciaire était désormais élargit : "Des plaintes ont été portées à la connaissance du parquet, dans le ressort du tribunal de grande instance de Rouen ou hors ressort, et lui sont adressées au fur et à mesure. Au vu de ces éléments, l'enquête est donc désormais diligentée également du chef de mise en danger d'autrui", a-t-il déclaré dans un communiqué.
Jeudi, quelques heures après l'incendie de ce site industriel classé Seveso seuil haut produisant des additifs d'huile, une enquête avait été ouverte du chef "de destructions involontaires par l'effet d'une explosion ou d'un incendie". Le parquet avait indiqué que la qualification était susceptible d'évoluer au gré des investigations.
"Au-delà du recueil des témoignages, des investigations techniques ont notamment été menées par l'Institut de Recherche Criminelle de la gendarmerie nationale au moyen de drones", a précisé le parquet.
Les constatations sur les lieux se dérouleront en début de semaine prochaine, en fonction des possibilités d'accès au site, d'après la même source, précisant que la cause de l'incendie n'était pas encore connue.
Le parquet de Rouen dit également être "en contact quotidien" avec les services spécialisés du parquet de Paris et son pôle de santé publique.
"La Ville est clairement polluée"
"La ville est clairement polluée [par les suies]", a déclaré la ministre de la Santé Agnès Buzyn vendredi à Rouen, au lendemain de l'incendie de l'usine Lubrizol classée Seveso.
Vendredi de nombreux habitants de Rouen ont été incommodés par des odeurs très fortes, provoquant nausées et même vomissements, après l'incendie qui s'est déclaré dans l'usine jeudi matin. Certains portaient masques en papier en gants pour circuler dans les rues.
"Je comprends la population, […] les produits peuvent être irritants sur le moment", a expliqué la ministre. "Ce sont des suies, comme une pollution, comme des galettes par exemple de goudron sur les plages", a déclaré la ministre lors d'un point presse à Rouen.
"Si on voit des galettes de goudron sur les plages, on demandera aux enfants de ne pas les toucher. […] Et bien c'est la même chose que nous demandons aux riverains aujourd'hui, c'est-à-dire de nettoyer ces suies, ces saletés, visuellement très repérables, à prendre des précautions notamment en mettant des gants", a ajouté Agnès Buzyn qui s'exprimait aux côté de la ministre de la Transition écologique Élisabeth Borne.
"C'est une usine qui produit des hydrocarbures, même si elles ne sont pas en grandes quantités, même si elles sont très proches des seuils, ce n'est jamais bon pour la population de toucher ce genre de produits", a souligné la ministre de la Santé.
"Je ne peux pas dire qu'il n'y pas de danger. Il y a forcément des traces d'hydrocarbures", a déclaré Mme Buzyn. "Nous rendrons transparents la totalité des prélèvement réalisés hier et aujourd'hui", a-t-elle affirmé.
Élisabeth Borne a pour sa part précisé qu'il n'y avait "pas de polluants anormaux dans les prélèvements effectués".
"Je suis très étonné de voir un incendie qui se déclare en pleine nuit, dans un endroit où il n'y a personne. Je m'interroge", a déclaré le PDG de Lubrizol France, Frédéric Henry à l'issue de la visite des deux ministres.
Avec AFP