
Après plus de 92 % des bulletins dépouillés, Benjamin Netanyahu et Benny Gantz semblent toujours à égalité, à l'issue des législatives israéliennes de mardi. Avigdor Lieberman, chef du parti Israel Beiteinou, est présenté comme le "faiseur de roi".
La prudence est de mise, mercredi 18 septembre en Israël, au lendemain de nouvelles élections législatives dont les résultats s’annoncent serrés. Quelque 69,4 % des 6,4 millions d'électeurs ont répondu à l'appel, selon la commission électorale.
Après plus de 92 % des bulletins dépouillés selon les médias israéliens, son parti Likoud et la formation centriste Kahol Lavan ("Bleu-blanc") de M. Gantz obtiennent chacun 32 sièges sur les 120 de la Knesset, le Parlement, et ne parviennent pas, même avec leurs alliés respectifs, à franchir le seuil des 61 députés pour obtenir une majorité.
"Nous allons attendre les résultats finaux (...), nous allons attendre un jour ou deux, et souhaiter à Israël un gouvernement d'union", a déclaré mercredi matin l'ancien chef d'état-major.
La question n'est pas tant de savoir qui aura le plus de sièges entre ces deux derniers mais lequel sera en mesure d'atteindre, par des alliances, le nombre de 61 députés, seuil de la majorité au Parlement. Aucun bloc ne semble pour l’instant capable de réunir ce nombre de députés et donc de former un gouvernement à l'issue de ce second scrutin en cinq mois, les élections d'avril ayant abouti à un score similaire.
En bref, pas de coalition évidente. Ca va négocier sec de tous côtés. Netanyahou ne s’avoue pas vaincu mais ne clame pas victoire non plus. Gantz, échaudé de s’être emballé trop vite en avril, dis qu’il faut attendre. Et le président Rivlin a hâte qu’on en finisse.
Antoine Mariotti (@antoinemariotti) September 18, 2019L'heure est aux pourparlers
L’heure est déjà aux pourparlers entre les partis. "Nous agirons pour former un large gouvernement d'union qui exprimera la volonté du peuple (...). Nous avons entamé les négociations et je parlerai avec tout le monde", a déclaré Benny Gantz dans la nuit à ses partisans réunis à Tel-Aviv. "Ce soir commence l'entreprise de réparation de la société israélienne", a ajouté Benny Gantz. "L'unité et la réconciliation sont devant nous."
La voix enrouée, Benjamin Netanyahu a plaidé pour un "gouvernement sioniste fort", sans la participation de "partis arabes antisionistes" lors d'un discours en plein milieu de la nuit devant un parterre clairsemé de partisans. "Nous allons négocier avec le plus grand nombre de partenaires pour éviter la formation d'un gouvernement antisioniste dangereux (...). Il n'y aura pas et il ne peut pas y avoir de gouvernement qui s'appuie sur des partis arabes antisionistes, des partis qui nient l'existence même d'Israël en tant qu'État juif et démocratique", a-t-il ajouté.
Notre correspondant à Jérusalem, Antoine Mariotti, rappelle qu’à l’issue des législatives d’avril dernier, Benjamin Netanyahu avait donné un discours enflammé de vainqueur. "Ce soir, c’est un discours beaucoup moins long, beaucoup moins enjoué. Il ne reconnaît pas de défaite mais ne se déclare pas non plus vainqueur." Et d'ajouter : "Il semble tout de même un peu déçu par les résultats."
Le parti nationaliste Israel Beiteinou pour l'instant "non aligné" de l'ex-ministre Avigdor Lieberman et crédité de 8 à 9 sièges pourrait faire pencher la balance. Ancien ministre sous Benjamin Netanyahu, mais actuellement en rupture avec le Premier ministre, Avigdor Lieberman n'a pas dit clairement s'il allait soutenir le camp du Likoud ou celui du parti Bleu-blanc. "Il n'y a qu'une option pour nous et c'est la formation d'un large gouvernement d'union nationale et libéral avec Israel Beiteinou, le parti Bleu-blanc et le Likoud", a-t-il déclaré, en excluant ainsi les partis juifs ultraorthodoxes et arabes.
"L'ère Netanyahu s'est achevée"
Avigdor Lieberman a mené sa campagne contre les partis juifs ultraorthodoxes, alliés du Likoud, qu'il accuse de vouloir faire d'Israël un État religieux. Il a aussi tiré à boulets rouges ces dernières années sur les formations arabes. Or ces partis, crédités mardi de 11 à 15 sièges, pourraient jouer un rôle crucial en soutenant un candidat ou un autre.
"L'ère Netanyahu s'est achevée", a ainsi prétendu mardi soir Ahmed Tibi, l'un des ténors de la Liste unie des partis arabes, qui s'oppose au Premier ministre. "Si Benny Gantz appelle, nous lui communiquerons nos conditions, après consultation des partis de la Liste unie. Peut-être ne souhaitera-t-il pas nous appeler et qu'il préférera former un gouvernement d'union nationale" sans les partis arabes, a-t-il ajouté.
L'issue de ce nouveau scrutin est d'autant plus cruciale pour Benjamin Netanyahu qu'il intervient avant sa comparution devant la justice le 3 octobre pour des affaires de "corruption", "d'abus de confiance" et de "malversations". Pour l'heure, il n'est ni inculpé ni donc condamné, mais une victoire pourrait permettre à ses alliés de voter son immunité.
Benjamin Netanyahu a annulé un déplacement prévu à l'Assemblée générale des Nations unies en raison du "contexte politique" en Israël, ont indiqué mercredi en fin d'après-midi à l'AFP des sources officielles.
Avec AFP
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