
Les Israéliens ont commencé à voter, mardi 17 septembre, pour des législatives cruciales pour l’avenir politique du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Un scrutin qui pourrait être arbitré, une nouvelle fois, par le très droitier Avigdor Lieberman.
Les Israéliens se rendent aux urnes pour la deuxième fois cette année, mardi 17 septembre, pour élire leurs députés. Après les législatives organisées en avril, le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait échoué à réunir une majorité pour gouverner.
Précisément à cause du refus de son ancien allié Avigdor Lieberman, ancien ministre de la Défense et leader du parti ultranationaliste Israël Beiteinou, de rejoindre sa coalition, l’obligeant à demander la dissolution du Parlement et l’organisation d'élections anticipées. Une première dans l’histoire de l’État hébreu.
Or rien n’indique, si l’on se fie aux derniers sondages publiés par les médias israéliens, que les équilibres seront bouleversés par ce nouveau scrutin, dont l’issue reste incertaine. La liste de Benjamin Netanyahu (Likoud, droite) et celle de Benny Gantz (Bleu Blanc, centre-droit), arrivés à égalité en tête en avril, sont toujours au coude à coude.
"Lieberman pourrait jouer les arbitres de ces élections"
De son côté, Avigdor Liebermann peut espérer selon les mêmes sondages entre 8 et 10 sièges, contre les 5 obtenus en avril. Un tel résultat lui offrirait le rôle de faiseur de roi, et le placerait en position de force face à un Benjamin Netanyahu qui joue sa survie politique, alors qu’il est sous la menace d’une possible inculpation dans trois affaires de corruption présumée.
"Avigdor Lieberman pourrait jouer les arbitres de ces élections, souligne Gideon Rahat, professeur de sciences politiques à l’Université hébraïque de Jérusalem, interrogé par France 24. Après le scrutin, il pourrait se tourner vers la droite ou vers la gauche, c’est lui qui choisira le nouveau roi."
Cette perspective donne des sueurs froides au camp Netanyahu, confronté à une droite fracturée et pris en tenaille entre laïcs et ultrareligieux, eux-mêmes divisés sur des questions de société.
Pendant la campagne, Benjamin Netanyahu a multiplié les appels du pied à la communauté russophone, butin électoral d’Avigdor Liebermann, son ancien directeur de cabinet né en ex-URSS, qu’il qualifie désormais de "gauchiste". Ses discours aux accents populistes et ultranationalistes visaient à siphonner les voix de l’extrême droite et couper l’herbe sous le pied de son ancien allié. Dans le cadre de son opération séduction, le Premier ministre s’est même rendu en Russie, où il s’est affiché tout sourire avec le président Vladimir Poutine, le 12 septembre à Sotchi.
Courtisé par Benny Gantz
De son côté, Avigdor Lieberman, connu pour ses diatribes contre les Arabes israéliens, qualifiés de "cinquième colonne" et ses discours belliqueux envers les Palestiniens, a tenté de séduire des électeurs de droite lassé par Benjamin Netanyahu, au pouvoir sans discontinuer depuis 2009, un record absolu de longévité en Israël. Certains à droite le suspectaient de vouloir provoquer la chute de son ancien mentor en misant sur ses déboires avec la justice. Courtisé par Benny Gantz, qui s’est dit prêt à s’allier avec lui, l’ancien videur de boîte de nuit à la barbe finement taillée se sait incontournable.
S’il n’exclut pas de s’unir à nouveau avec Benjamin Netanyahu, dans le cadre d’un gouvernement d’union avec Benny Gantz, Avidgor Lieberman entend faire payer très cher le prix de son éventuel ralliement. En croisade contre les religieux, il exige toujours que soit adoptée dans sa forme initiale, telle qu'il l'avait proposée quand il était à la Défense, une loi annulant l'exemption systématique de service militaire des jeunes ultra-orthodoxes juifs .
Il a même fait de cette question une "affaire de principe", à la grande satisfaction de son électorat principalement laïc, alors que cette exigence était impossible à satisfaire pour Benjamin Netanyahu, à moins de renoncer aux députés issus des partis religieux, piliers traditionnels de la stratégie politique du Premier ministre. Selon l'Institut de recherche et de conseil Midgam, Avigdor Lieberman pourrait obtenir les suffrages d'électeurs votant pour lui pour la première fois, pas nécessairement russophones, et attirés par son opposition au "diktat des religieux".
Parfois surnommé le tsar, en raison de son fort accent russe, Avidgor Lieberman veut également imposer une l’augmentation de près de 40 % des retraites, comme il l’avait également promis à son électorat russophone vieillissant.
En avril, aucune de ses exigences n’avait été acceptée par Benjamin Netanyahu.