logo

Japon : le Mondial de rugby pour tourner la page du tsunami

Détruite par le tsunami de 2011, la petite cité côtière de Kamaishi, dans le nord du Japon, est l’une des douze villes hôtes de la Coupe du monde de rugby 2019. Accueillir le Mondial a permis d’accélérer la reconstruction de la ville et de ressouder les habitants autour d’un projet commun. Le récit de nos reporters sur place.

Avec 34 000 habitants, Kamaishi paraît une toute petite ville, ce qu'elle est, en comparaison avec les autres métropoles japonaises qui accueillent le Mondial de rugby. À plus de cinq heures en train au nord de Tokyo, dans une région oubliée des circuits touristiques, nous avons été séduits par la beauté de ce petit port de pêche réputé pour ses oursins et autres délices de la mer. La vie y semble douce… Pourtant, Kamaishi a connu plusieurs drames... et plusieurs renaissances. Déjà victime de tsunamis en 1896 et en 1933, cette cité industrielle a été ravagée par le gigantesque tsunami de 2011, qui a fait 1 145 morts à Kamaishi, et plus de 18 000 dans tout le pays.

À bien regarder la géographie du lieu, où la mer s’engouffre dans la terre par des bras d’eau, on comprend comment le tsunami a fait tant de ravages. Pour protéger la ville face à des catastrophes futures, une partie du littoral est désormais séparée des eaux du Pacifique par une imposante muraille de béton de 14 mètres de haut. Et tant pis pour la vue sur la mer.

Des liens historiques avec le ballon ovale

Mais ce qui nous a frappé à Kamaishi, ce ne furent pas tant ces ouvrages impressionnants – le nouveau mur, partout ces digues de protection, et un stade flambant neuf qui va accueillir deux matchs de la Coupe du monde (Fidji-Uruguay le 25 septembre et Namibie-Canada le 13 octobre) – que l’histoire de ses habitants, leur volonté de se relever après le drame et de le faire par un choix étonnant : le rugby.

Kamaishi entretient des liens historiques avec le ballon ovale. Le club local, les Sea Waves, a remporté sept fois de suite le championnat national dans les années 1980. En 2014, les habitants de la ville se sont fédérés autour d’un projet commun : accueillir la Coupe du Monde de rugby. Le projet n’a pas toujours fait l’unanimité, certaines victimes du tsunami trouvaient que c’était mettre beaucoup d’efforts et d’argent dans un événement ludique, alors que des centaines de personnes avaient encore des besoins matériels. Mais Kamaishi a aussi profité des chantiers de la Coupe du monde. La reconstruction y aurait été plus rapide que dans d’autres villes.