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Soupçons de fraudes au PS, Royal exige des sanctions

Ségolène Royal n'exclut pas de saisir la justice sur les fraudes présumées lors de l'élection qui a placé en novembre 2008 Martine Aubry à la tête du Parti socialiste. Elle suggère également de demander un nouveau vote des militants.

AFP - Ségolène Royal a réclamé vendredi des "sanctions" contre les fraudes présumées lors de l'élection Martine Aubry à la tête du PS, n'excluant pas le recours aux tribunaux, récoltant un tir groupé de ténors socialistes qui l'exhortent, au calme à la veille du lancement des primaires.

"Dans un premier temps, je pense qu'il faut sanctionner ces fraudes, il faut appliquer la loi. Consulter les militants éventuellement, ensuite procéder à un nouveau vote", si "ces fraudes sont avérées", a déclaré Mme Royal sur France-Inter, dans sa première réaction à la parution d'un ouvrage "Hold-uPS, arnaques et trahisons", qui a relancé la polémique autour de l'élection de la patronne du PS en novembre 2008.

Mme Royal a même évoqué la possibilité d'une saisine des tribunaux - "tout électeur du Parti socialiste est fondé à porter l'affaire devant la justice", a-t-elle dit- avant de préciser dans un communiqué qu'elle n'avait encore "pris aucune décision" à ce sujet.

"Je suis en train de consulter", a-t-elle ajouté, assurant qu'elle ferait "une déclaration solennelle mardi prochain".

La direction du PS n'a pas fait de commentaires.

Christian Paul, proche de Martine Aubry, et mis en cause dans le livre, a jugé auprès de l'AFP "sidérant" que Ségolène Royal veuille "utiliser l'ouvrage pour se refaire une santé au PS". Le député de la Nièvre a demandé au président de la Région Guadeloupe, Victorin Lurel, de "rétablir la vérité" sur des propos qui lui sont attribués dans le livre.

L'affaire tombe au plus mauvais moment pour le Parti socialiste, jetant le doute sur sa probité et sa capacité à organiser des élections saines au moment où il se lance dans la préparation des primaires, appelant électeurs et sympathisants à se rendre aux urnes pour désigner son candidat de 2012.

Le Conseil national (Parlement du parti) doit avaliser samedi, lors d'une  réunion à La Mutualité à Paris, des "questionnaires" sur les modalités des primaires, qui seront soumis au vote des militants le 1er octobre.

Des ténors du parti et ex-lieutenants de Ségolène Royal, comme François Rebsamen, ont volé au secours des primaires, présentées comme un gage de rupture avec les pratiques antérieures.

Appelant l'ex-candidate à la présidentielle à "regarder vers l'avenir", le sénateur-maire de Dijon a assuré qu'il allait se battre pour "la création" dans le cadre des primaires "d’un corps électoral protégé par une commission indépendante et souveraine". Il a appelé Mme Royal à "ne pas feindre de découvrir" des irrégularités, dénoncées déjà à l'époque.

Pour Manuel Valls - autre ex-partisan de Royal et qui, après le vote, avait brandi la menace de saisir les tribunaux - "il faut tourner la page" et "régénérer" le PS à l'occasion des primaires qui doivent être "impeccablement organisées", "sans le moindre doute".

Vincent Peillon, ancien proche de Mme Royal, a affirmé avoir été celui qui en 2008 "a décidé de ne pas faire de recours en justice". Estimant que tout cela était "du passé", il a appelé la présidente de Poitou-Charentes à "faire des propositions politiques".

Pour Gaël Sliman de l'institut BVA, le recours à "une solution légale pour contester ou invalider" le scrutin "pénaliserait certes l'image du PS et de Mme Aubry" mais ce serait aussi "un suicide politique pour Ségolène Royal".

Selon lui, "les Français, les sympathisants de gauche, les militants socialistes ne supportent plus l'image d'un PS divisé, qui était une vraie pétaudière". "Toute personne qui donnerait l'impression de reprovoquer des divisions, de revenir en arrière, en serait la première pénalisée", estime-t-il.