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La série noire des suicides continue à France Télécom

Une femme s'est jetée par la fenêtre de son bureau parisien. Ce geste vient s'ajouter à une série de suicides au sein de France Télécom. Le ministre du Travail, Xavier Darcos, devrait rencontrer la semaine prochaine le PDG de l'entreprise.

AFP - Une salariée de France Télécom est décédée vendredi en se jetant par la fenêtre de son bureau, deux jours après le geste désespéré d'un autre employé et une série de suicides, conduisant le ministre du Travail Xavier Darcos à rencontrer le PDG en début de semaine prochaine.

"Xavier Darcos a eu Didier Lombard au téléphone aujourd'hui", il le "recevra dans les plus brefs délais pour travailler ensemble aux solutions appropriées", a-t-on indiqué à l'AFP dans l'entourage du ministre, en évoquant un rendez-vous probablement "lundi".

La jeune femme de 32 ans, qui s'était jetée du 4e étage d'un immeuble du groupe dans le XVIIème arrondissement à Paris, avait été transportée dans un état très grave à l'hôpital Beaujon, selon des sources syndicale et policière.

La direction de France Télécom a ensuite annoncé son décès.

La jeune femme était chargée de clientèle, au service de recouvrement Orange, selon Pierre Morville, délégué syndical central CFE-CGC.

Selon lui, le drame s'est passé vers 16H30, "à l'issue d'une discussion sur les réorganisations de services".

Ce nouvel acte désespéré vient s'ajouter à une série de suicides au sein de France Télécom, où depuis février 2008, les syndicats avaient déjà dénombré 22 suicides de salariés, pour environ 100.000 personnes en France.

A l'annonce du geste de la jeune femme, deux syndicats de France Télécom, CFE-CGC et Unsa, ont réclamé un "geste fort" à l'Etat pour aider le groupe en pleine mutation.

"Nous n'interpellons plus la direction de France Télécom, mais nous interpellons le gouvernement français, dans la mesure où c'est le principal actionnaire et le principal employeur du groupe, il faut qu'il intervienne", a déclaré à l'AFP Pierre Morville.

"Quelles que soient les qualités des réponses émises jeudi par l'entreprise, il est évident que ce n'est pas suffisant, il n'y a pas eu d'effet d'annonce suffisamment fort", a-t-il estimé, en réclamant en particulier un "plan de pré-retraites à l'Etat en bonne et due forme"

Des salariés se sont mobilisés jeudi contre leurs conditions de travail et les méthodes de management, responsables, selon eux, de cette série noire. La veille, un technicien de Troyes avait tenté de se suicider en se plantant un couteau dans l'abdomen lors d'une réunion après avoir appris la suppression de son poste.

Dans la foulée de cette mobilisation, la direction du groupe a proposé jeudi de suspendre jusqu'au 31 octobre les mobilités au sein du groupe.

Elle a aussi annoncé l'ouverture de négociations sur le stress dès le 18 septembre et le recrutement de 100 DRH de proximité et de médecins du travail supplémentaires.

Le PDG a écrit, également jeudi, aux 22.000 cadres pour leur demander de renforcer "leur vigilance et de porter l'attention la plus grande possible aux signes de désarroi des collaborateurs qui vous entourent".

Depuis plusieurs années, les syndicats déplorent le malaise au travail et la pression sur les salariés, notamment pour les inciter à quitter l'entreprise, dans le cadre d'un plan de départs volontaires, qui a permis en trois ans, de se séparer de 22.000 salariés (pour 5.000 embauches).