Ali Bongo est en tournée en Afrique centrale pour rallier à lui des soutiens régionaux. L'opposition appelle à trois jours de "ville morte" dès lundi, dans tout le pays, pour protester contre le "coup d'État électoral" du nouveau président.
Le président élu gabonais, Ali Bongo, a entamé vendedi une tournée dans plusieurs pays d'Afrique centrale, pour rallier à lui des soutiens régionaux après sa victoire électorale, contestée par les candidats rivaux, et qui a dégénéré en émeutes.
"Le président Paul Biya m'a toujours considéré comme son fils (...). Il fallait que je vienne le voir afin qu'il me donne de bons conseils", a dit Bongo à la télévision nationale camerounaise.
Après une halte de quatre heures au Cameroun, il devait continuer sa tournée par la République du Congo et par la République démocratique du Congo.
"La tâche qui m'attend n'est pas facile(...). Nous allons former un gouvernement et le mettre au travail", a dit le président élu, fils du défunt président Omar Bongo, à la télévision camerounaise.
Ses adversaires l'accusent d'avoir truqué les résultats de l'élection du 30 août, au cours de laquelle il est arrivé en tête avec un peu moins de 42%.
Appel de l'opposition
Les chefs de l'opposition gabonaise ont appelé vendredi à trois jours de "ville morte" à compter de lundi dans tout le pays, pour protester contre le "coup d'Etat électoral" que constitue selon eux la victoire d'Ali Bongo à la présidentielle du 30 août.
"Nous, le collectif des candidats à l'élection présidentielle du 30 août, les partis politiques et la société civile opposés au coup d'Etat électoral, décrétons (...) trois journées de ville morte sur toute l'étendue du territoire: lundi 14, mardi 15 et mercredi 16 septembre", a déclaré devant la presse Jean Eyéghé Ndong, porte-parole de ce collectif.
L'ancien Premier ministre a ajouté que cette action avait été aussi décidée "en mémoire de nos compatriotes morts, tombés sous les balles des forces de défense et de sécurité et autres mercenaires à Port-Gentil", la capitale pétrolière située à l'ouest.
Des violences ont secoué cette cité portuaire du 3 au 6 septembre à l'annonce de la victoire d'Ali Bongo à la présidentielle. Trois personnes ont été tuées selon les autorités, au moins 15 d'après l'opposition.
A l'issue de la déclaration, répondant aux journalistes, M. Eyeghé Ndong a parlé de "plus d'une dizaine" de tués et redemandé la "mise en place d'une commission d'enquête internationale".
Le collectif, qui déposera un recours en "temps opportun" devant la Cour constitutionnelle, a aussi dévoilé les différentes irrégularités dans quatre des neuf provinces gabonaises, "l'Estuaire, le Haut-Ogooué (fief de la famille Bongo), l'Ogooué-Ivindo et l'Ogooué Lolo" que son collectif d'experts a recensés pendant le scrutin.
"Nous avons relevé" l'existence de "nombreuses urnes (...) non codifiées ou avec de simples numéros (ne) correspondant à aucune logique de codification ou sans bordereau", notamment dans le Haut-Ogooué ou au Sénégal, a précisé Marguerite Okome-Obama, experte s'exprimant au nom du collectif.
Ces "urnes pirates" ont permis, selon elle, "le bourrage d'urnes, des résultats (pour un candidat) supérieur au nombre d'inscrits, un nombre d'enveloppes supérieur au nombre de personnes sur la liste d'émargement".
Mme Okome-Obame pointe aussi un nombre supérieur d'enveloppes dans les urnes au nombre d'inscrits, citant pour exemple un bureau de Libreville avec "400 inscrits, 165 votants" mais "550 enveloppes".
Elle a aussi dénoncé un "taux de participation très élevé" dans certains départements du Haut-Ogooué, taux qui "relève de la fraude massive". Elle a souligné que dans certains bureaux une même personne avait visiblement émargé entre 10 et 15 fois. Et de conclure: "Dans le Haut-Ogooué, il n'y pas eu de véritable vote, le travail (de fraude) s'est fait avant le vote".
En conclusion, M. Eyéghé Ndong estime: "Nous sommes fondés à confirmé notre décision de ne pas reconnaître M. Ali Bongo Ondimba comme le président élu du Gabon. Nous demandons aux populations gabonaises d'en faire de même tant que la vérité n'aura pas été faite sur les résultats de cette élection, à partir du recomptage des voix".
Ali Bongo, fils du défunt président Omar Bongo, a été élu avec 41,73% des voix, devant l'ex-ministre de l'Intérieur André Mba Obame (25,88%) et l'opposant Pierre Mamboundou (25,22%), qui revendiquent chacun la victoire.