L’opposante Canan Kaftancioglu paie cher son engagement décisif dans la campagne municipale à Istanbul. La responsable du principal parti d'opposition au président turc Recep Tayyip Erdogan a été condamnée vendredi 6   septembre à neuf ans et huit mois de prison.

Canan Kaftancioglu, responsable du du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) pour la province d'Istanbul, a été condamnée pour cinq chefs d'accusation différents, basés principalement sur des tweets postés il y a plusieurs années   : "propagande terroriste", "insulte au chef de l'État", "insulte à un fonctionnaire", "insulte à la République turque" et "incitation à la haine".

La responsable politique, dont le procès était très suivi en Turquie et à l'étranger, risquait jusqu'à 17   ans de prison.

Les juges ont expliqué que la sévérité de la sentence découlait de l’absence de remords manifestée par Canan Kaftancioglu et de son attitude provocatrice durant l’audience, précise Ludovic de Foucaud, correspondant de France 24 en Turquie.

"L‘ intéressée a par exemple lu les vers d’un poète marxiste révolutionnaire turc, Nâzim Hikmet : 'Comment puis-je vous en vouloir, ce n’est pas dans mes habitudes de m’en prendre à un serviteur quand j’en veux à son maître', a-t-elle dit à ses juges » détaille notre journaliste.

"Procès politique"

Comme chaque peine de prison, prise individuellement, est inférieure à cinq ans, elle ne sera pas emprisonnée dans l'attente de son procès en appel qui devrait intervenir d'ici six mois, selon la responsable du CHP.

Tout au long de l'affaire, cette médecin légiste de formation a dénoncé un "procès politique" visant, selon elle et ses partisans, à la punir pour son rôle dans la victoire du candidat de l'opposition lors des municipales à Istanbul.

Canan Kaftancioglu est en effet présentée comme l'architecte des campagnes victorieuses d'Ekrem Imamoglu, qui a battu le candidat de Recep Tayyip Erdogan à Istanbul en mars, puis en juin après l'annulation du premier scrutin dans des conditions controversées.

La responsable politique a assisté à une partie de l'audience vendredi. Plusieurs centaines de personnes s'étaient rassemblées vendredi matin devant le tribunal d'Istanbul pour lui apporter leur soutien.

Avec AFP