Un tribunal français a tranché en faveur de Maurice, le coq d’une habitante de l’île d’Oléron, dans le sud-ouest du pays, accusé par des voisins d’être une nuisance sonore. Une affaire qui a remis la campagne française au centre des débats.
Il est devenu un symbole de résistance de la ruralité française face à la ville. Jeudi 5 septembre, Maurice, un coq de l’île d’Oléron, dans le sud-ouest du pays, a été autorisé par un tribunal à poursuivre son cocorico matinal.
L’animal était visé depuis le début de l’été par une plainte de voisins qui l’accusaient de perturber leur sommeil aux aurores et d’être une "nuisance sonore". Les plaignants, un couple d’agriculteurs retraités, propriétaires d’une résidence de vacances à Saint-Pierre-d’Oléron, réclamaient à la détentrice de Maurice, Corinne Fesseau, d’éloigner ou de faire taire l’animal sous 15 jours.
Le tribunal correctionnel de Rochefort, qui s’est saisi de l’affaire de trouble du voisinage, a donné raison à Corinne Fesseau et a ordonné aux plaignants de "verser à la propriétaire 1 000 euros de dommages et intérêts", ainsi que le paiement de ses frais de justice, a annoncé Julien Papineau, avocat de la propriétaire de Maurice.
Les bruits de la campagne française, patrimoine mondial ?
L’affaire, banale en apparence, a eu un fort retentissement national et international. Elle est devenue emblématique du décalage et d’une cohabitation souvent tendue entre le monde rural et les vacanciers ou encore les "néo-ruraux", ces citadins récemment installés à la campagne. "Que doit-on interdire ? Le chant des tourterelles, le cri des mouettes ?", pouvait-on lire sur une pétition en ligne recueillant près de 140 000 signatures.
Dans un pays qui a pour symbole national un coq, "cette controverse souligne ce lien inébranlable qui connecte la France à son passé agricole, qui la représente comme un lieu où la vie de la ferme et les valeurs de simplicité sont exaltés", analyse avec passion le New York Times dans un long reportage publié en juin.
Le journal britannique The Telegraph souligne, par ailleurs, que les bruits de la campagne ont déjà fait la une des journaux cette année. Il rappelle ainsi l’initiative de Bruno Dionis du Séjour, maire de Gajac, près de Bordeaux. En mai, l’élu a demandé aux parlementaires français d’inscrire les sons ruraux, comme le chant du coq, la cloche de l’église ou le meuglement des vaches, au patrimoine mondial immatériel de l’Unesco.
Une démarche qui rappelle également celle du député Les Républicains, Pierre Morel-Á-l’Huissier, qui a proposé en juillet une loi qui créerait "une notion de patrimoine sensoriel inhérent à la campagne", un inventaire qui protégerait ces bruits lors d’un procès.