
Nos reporters ont suivi les manifestations qui secouent Hong Kong depuis près de quatre mois. Un mouvement sans précédent, qui s’inscrit dans la durée et qui divise profondément la société, entre ceux qui aspirent à plus de démocratie et ceux qui restent fidèles à Pékin.
Depuis près de quatre mois, Hong Kong est le théâtre d'une contestation sans précédent dans l'histoire de l'ancienne colonie britannique. Tous les week-ends, des centaines de milliers de personnes descendent dans la rue pour réclamer – entre autres revendications – le retrait d'une loi d'extradition vers la Chine continentale et l'instauration du suffrage universel direct. Mais alors que le grand mouvement populaire et pacifique des premières semaines n'a obtenu aucune concession de la part du gouvernement, de plus en plus de jeunes manifestants se tournent désormais vers la violence.
Des affrontements éclatent régulièrement avec les forces de l'ordre. Avec les tirs de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes de la part des policiers et les barricades érigées au pied des gratte-ciel par les manifestants, Hong Kong vit parfois des scènes de guérilla urbaine. À ce jour, plus de 900 personnes ont été arrêtées par les autorités.
Les Hongkongais plus divisés que jamais
Vingt-deux ans après sa rétrocession à la Chine, Hong Kong semble plus que jamais à un tournant de son histoire. L'ancienne colonie britannique apparaît profondément divisée entre ceux qui aspirent à la démocratie et ceux qui jurent allégeance au pouvoir de Pékin. Ces derniers veulent eux aussi se faire entendre. Cet été, ils ont reçu l'appui des triades, les groupes mafieux hongkongais qui font main basse sur les trafics de drogue et d'armes, et sur la prostitution.
Exceptionnellement, nos reporters ont pu rencontrer un repenti de la triade qui, le 21 juillet, a mené une expédition punitive particulièrement violente contre des militants prodémocratie dans le quartier de Yuen Long. Les images de cette attaque, d'une rare violence à Hong Kong, ont choqué la société tout entière et fini d'entériner la fracture entre les pro et les anti-Pékin.
Une division qui s'est installée jusque dans les foyers hongkongais. Aujourd'hui, de nombreuses familles se déchirent car le conflit est aussi générationnel. Les parents, qui ont vécu la rétrocession de 1997 comme une fierté, ne veulent pas vivre de nouveaux bouleversements.
Nos reporters Antoine Védeilhé et Thomas Blanc ont suivi les jeunes insurgés hongkongais, l'été où ils ont décidé de reprendre en main l'avenir de leur ville et de mener ce qu'ils appellent "la révolution de notre temps".