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Les migrants de l'Open Arms débarquent à Lampedusa

Les migrants recueillis en Méditerranée par le navire Open Arms, dont certains étaient à bord depuis 19 jours, ont finalement pu débarquer à Lampedusa dans la nuit de mardi à mercredi, sur ordre de la justice italienne.

Après 19 jours en mer, les migrants recueillis en Méditerranée par le navire Open Arms ont commencé à débarquer dans la nuit de mardi 20 à mercredi 21 août sur l'île italienne de Lampedusa, sur décision de la justice italienne.

Après une inspection de la police judiciaire et de deux médecins, le procureur d'Agrigente, Luigi Patronaggio, avait ordonné quelques heures plus tôt le débarquement de ces migrants sur la petite île, compte tenu de la situation difficile à bord. Il avait aussi pris aussi la décision de mettre préventivement sous séquestre le navire humanitaire, dans le cadre d'une enquête contre X pour séquestration de personnes, omission et refus d'actes officiels.

Le ministre l'Intérieur Matteo Salvini s'est dit visé directement. "Si quelqu'un pense me faire peur avec la énième plainte et demande de procès, il se trompe. Ce serait une blague d'être parvenu à convaincre l'Espagne d'envoyer un navire [pour récupérer les migrants] et maintenant d'œuvrer à les faire débarquer en Italie et faire juger le ministre de l'Intérieur qui continue de défendre les frontières du pays", a-t-il dit sur Facebook.

Ong #OpenArms: altro sbarco, altro processo?
Io non ho paura, orgoglioso di difendere i confini e la sicurezza del mio Paese.

???? LIVE ???? https://t.co/d8ab5eLpe6 pic.twitter.com/s4r47opg23

— Matteo Salvini (@matteosalvinimi) August 20, 2019

Des migrants se jettent à l'eau

Madrid avait de son côté annoncé, mardi après-midi, l'envoi d'un navire militaire à Lampedusa pour venir y prendre en charge directement les migrants et les amener à Majorque, à environ mille kilomètres de la Sicile. Joint par l'AFP, le gouvernement espagnol n'était pas en mesure de dire s'il rebrousserait chemin après la décision de la justice italienne.

Dans un geste désespéré, 15 migrants s'étaient jetés mardi à la mer, certains sans gilets de sauvetage, pour tenter de rejoindre Lampedusa à la nage. Ils ont été "secourus" par les gardes-côtes italiens et amenés sur l'île, selon une porte-parole de l'ONG.

Stationnés depuis jeudi à quelques centaines de mètres des côtes de l'île italienne, ces migrants secourus par l'ONG Proactiva Open Arms au large de la Libye s'étaient vu refuser l'accès à Lampedusa par les autorités italiennes, même si six pays européens – France, Allemagne, Luxembourg, Portugal, Roumanie et Espagne – se sont engagés à les accueillir.

L'annonce du débarquement a suscité des explosions de joie sur le bateau, selon des vidéos diffusées par des personnes présentes à bord.

Y por fin, después de 19 días cautivos en la cubierta de un barco, todas las personas a bordo pisarán tierra firme.
¡¡Boza!! pic.twitter.com/W2CCYtKIIA

— Open Arms (@openarms_fund) August 20, 2019

Une journaliste du quotidien El Pais à Lampedusa a raconté que certains, à bord, ont entonné le chant de révolte des partisans italiens, "Bella Ciao", alors que le navire entrait dans le port. Après être descendus un à un le long de la passerelle, parfois en boîtant, et avoir subi un bref contrôle médical, les migrants ont été conduits vers un centre d'accueil à bord de camionnettes, a-t-elle témoigné.

Le bateau comptait 147 migrants à bord à son arrivée jeudi près de Lampedusa, et un peu plus de 80 après l'évacuation des migrants ayant sauté à l'eau mardi et de plusieurs dizaines de mineurs ou de malades ces derniers jours. Certains de ces migrants ont passé 19 jours à bord.

Il ne reste plus qu'un navire humanitaire au large des côtes libyennes, dont s'élancent régulièrement des embarcations de fortune avec des migrants à leur bord. L'Ocean Viking, bateau affrété par les ONG SOS Méditerranée et Médecins sans frontières, cherche lui aussi à débarquer dans un port sûr 356 migrants. Il est actuellement au nord-est de Malte.

Avec AFP