Evelyn Hernandez, jeune femme du Salvador qui encourait 30 à 50 ans de prison pour l'homicide de son bébé, a été acquittée lundi, a annoncé une de ses avocates, dans ce pays où la législation anti-IVG est l'une des plus strictes du monde.
Une jeune Salvadorienne qui risquait de 30 à 50 ans de prison pour l'homicide de son bébé, a été acquittée lundi 19 août, a annoncé une de ses avocates.
"Acquittée !!! Oui, on a réussi", a écrit sur Twitter Bertha Maria Deleon, l'avocate d'Evelyn Hernandez, 21 ans, qui a toujours expliqué que le bébé était mort-né. "Aujourd'hui est un grand jour pour la justice !", a poursuivi l'avocate dans un autre message où l'on peut voir deux photos de sa cliente libérée. "Nous avons pu et nous continuons à nous battre parce qu'il y a encore des femmes poursuivies qui demandent justice."
"Je suis heureuse", a déclaré la jeune femme en sortant du tribunal de Ciudad Delgado, au nord-est de San Salvador. "Grâce à Dieu, justice a été rendue. Je vous remercie aussi vous tous qui êtes venus ici", a lancé Evelyn Hernandez aux manifestantes qui l'attendaient à la sortie du palais de justice.
L'accusation avait réclamé contre elle une peine de 40 ans de prison pour homicide aggravé par négligence.
Condamnée en première instance à 30 ans de prison
Une centaine de femmes rassemblées sur les lieux ont laissé éclater leur joie : "Attention, attention, la lutte féministe avance en Amérique latine", ont-elles scandé.
"Tout le temps passé (en prison) a été dur", a souligné la jeune femme, qui est restée 33 mois derrière les barreaux après une première condamnation à 30 ans de prison en juillet 2017. Ce premier jugement avait été cassé en février par la Cour suprême et Evelyn Hernandez avait été libérée.
Le code pénal salvadorien prévoit une peine de deux à huit ans de prison pour les cas d'avortement. Mais, dans les faits, les juges considèrent toute perte du bébé comme un "homicide aggravé", puni de 30 à 50 ans de réclusion.
Seize femmes en prison pour des avortements
L'affaire remonte au 6 avril 2016, lorsque la jeune femme, alors adolescente, donne naissance à un bébé dans des toilettes. Transférée à l'hôpital de la ville de Cojutepeque (centre), elle est arrêtée et accusée d'homicide. Evelyn Hernandez a toujours protesté de son innocence et assuré que son bébé était mort-né.
Dans un premier temps, il avait été dit qu'Evelyn Hernandez était tombée enceinte après un viol, mais son avocate a expliqué, sans donner plus de détails, préférer ne plus évoquer ces circonstances à la demande de la jeune femme qui habite dans un quartier contrôlé par les gangs et pourrait faire l'objet de représailles.
À l'issue de l'audience vendredi, un des avocats de la jeune femme, Arnau Baulenas, avait déclaré à l'AFP s'attendre à un acquittement : "Il n'y a aucun élément qui permette de penser qu'Evelyn avait l'intention de mettre fin à la vie du bébé (...), c'est un accident", avait-il souligné.
Actuellement, 16 femmes sont en prison au Salvador pour des avortements. Au cours des derniers mois, cinq femmes condamnées pour des cas similaires ont été remises en liberté.
Avec AFP