
Malgré l'annulation des manifestations prévues vendredi par l'opposition, des centaines de protestataires se sont rassemblés dans le centre de Harare, la capitale zimbabwéenne. Des policiers ont eu maille à partir avec les manifestants.
Au Zimbabwe, une centaine de sympathisants du Mouvement pour le changement démocratique (MDC), parti d’opposition, ont outrepassé la décision du parti d'annuler la manifestation prévue pour protester contre l'aggravation des problèmes économiques dans le pays, et se sont réunis, vendredi 16 août, à Harare.
Les manifestations ne devaient pourtant pas avoir lieu. Le parti d'opposition avait annoncé leur annulation après que celle-ci a été interdite par la police, puis par la justice.
Face aux protestataires, rassemblés dans le centre de la capitale, Harare, la police zimbabwéenne a réagi en faisant usage de gaz lacrymogènes et matraqué des dizaines de personnes.
"Régime fasciste"
Ce devait être les premières manifestations depuis celles de janvier dernier contre la hausse des carburants qui avaient été violemment réprimées par les forces de l'ordre.
Toutefois, la police zimbabwéenne avait annoncé tard, jeudi soir, que les manifestations avaient été interdites. Le MDC a ensuite saisi la justice pour contester l'interdiction de la police, mais a été débouté de sa demande.
"Le tribunal a déclaré que la manifestation devait être annulée", a indiqué à l'AFP le porte-parole du MDC, Nkululeko Sibanda.
"Le régime fasciste a refusé aux Zimbabwéens le droit de manifester", a déclaré de son côté le vice-président du MDC, Tendai Biti, devant la presse à Harare.
Pénuries de denrées alimentaires et de carburant
Des barricades avaient été dressées par des policiers armés dans les environs d'Harare, forçant les véhicules roulant en direction du siège du MDC à faire demi-tour. Ailleurs dans la capitale, des barrages routiers avaient été installés.
Des équipes de la police anti-émeute patrouillaient dans les rues vendredi, arrêtant et fouillant des piétons au hasard. La police avait également dressé d’autres barrages routiers où de longues files d’attente se formaient sur des axes menant au centre-ville, pendant qu’étaient effectuées des fouilles de voitures et de bus.
Le président zimbabwéen, Emmerson Mnangagwa, qui a succédé fin 2017 à Robert Mugabe, aux commandes du pays pendant trente-sept ans, s'était engagé à relancer l'économie, jusqu'à présent en vain.
Le Zimbabwe est régulièrement confronté à des pénuries de denrées de première nécessité, comme la farine, le pain, l'huile, les carburants, mais aussi à de très longues coupures d'électricité pouvant aller jusqu'à 19 heures par jour.
Environ cinq millions de personnes, soit un tiers des 16 millions de Zimbabwéens, ont besoin d'une aide alimentaire. Au moins la moitié d'entre eux sont au bord de la "famine", selon le programme alimentaire mondial (Pam).
Avec AFP et Reuters